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Monseigneur Emile Legal : un archevêque boiséen chez les Indiens pieds-noirs

 

Fils de Julien Legal, mouleur et de Perrine David, Emile Joseph Legal est né à Boiseau le 09 octobre 1849. Il fit ses études à Machecoul ainsi qu'au petit et au grand Séminaire de Nantes. C'est dans ce dernier lieu qu'il sera ordonné prêtre le 29 juin 1874. Il fut professeur de mathématiques au collège Saint-Stanislas de 1875 à 1878 puis au séminaire de Guérande jusqu'en 1879. C'est cette année que sa vocation prit une tournure définitive puisqu'il demanda à « être relevé de ses fonctions pour être missionnaire ». Il effectue alors son noviciat à Nancy à partir du 19 août de la même année et terminera son année de probation à Lachine (tout près de Montréal au Canada). L'année suivante, il y prononcera ses voeux et sera aussitôt envoyé après « plus de cent jours d'expédition » dans l'Alberta, région du nord-ouest canadien où il fonda au cours des ans plusieurs missions.
Il sera élu en 1897 évêque de Poglat et coadjuteur de celui de Saint-Albert qu'il remplacera à partir de 1902. Promu Archevêque d'Edmonton le 30 novembre 1912, il y restera jusqu'à la fin de ses jours le 03 octobre 1920 et marquera profondément de son empreinte cette localité. Son passage fut marqué par la création d'hôpitaux, d'une cathédrale et même d'une ville qui porte toujours son nom.
Grand ethnographe, il étudia de près la vie des autochtones indiens et décrivit avec force détails la vie de ces gens. Il sut se montrer « à la fois maître d'école, architecte, cuisinier, médecin et même fossoyeur » nous assure un document qui fut diffusé peu après son décès. C'est en effet selon un de ses confrères, le R.P. Jonquet au cours d'une cérémonie où « le père Legal venait de faire un cercueil et de disposer, dans une fosse, qu'il avait lui-même creusée, le cadavre d'un jeune enfant » qu'il reçut la nouvelle de sa nomination à l'épiscopat.

La région qu'il évangélisa :
Lors de son dernier voyage en France, il décrivit la région de Saint-Albert comme une « vaste plaine aride appuyée aux Montagnes Rocheuses, qui présente tous les caractères d'une ancienne mer, avec ses couches de fossiles marins pouvant fournir d'intéressantes études ». Moins de dix ans avant son arrivée sur ces terres inhospitalières, les habitants venus d'Europe et qui tentaient de faire souche dans ces contrées vivaient « du produit de la chasse et de la pêche durant l'hiver allant camper dans les prairies où le buffle fournissait une abondante nourriture et au printemps revenant près des rivières poissonneuses ».
Quant à ceux qui vivaient une existence plus « sédentaire » auprès des Compagnies, leurs conditions de vie faisaient quand même que « durant l'été et l'automne, ils conduisaient les bateaux chargés de marchandises. En hiver, ils allaient à la chasse pour se procurer, soit de la viande fraîche, soit des fourrures ... la monnaie était encore inconnue, les vivres, les effets d'habillement et les fourrures étaient les articles en circulation. Il n'y avait pas d'école, les enfants ne recevaient pas d'éducation ... ».
Les choses ont commencé à changer car si, à proximité, « durant les longs mois d'hiver, la neige recouvre le sol d'une couche épaisse, de sorte que les animaux ne peuvent y trouver leur nourriture » , là où il se trouve le « vent 'chinook' qui vient au travers des passes des Montagnes Rocheuses balaie et fait fondre la neige en quelques heures, même au milieu de l'hiver, de sorte qu'en toute saison, les animaux, chevaux et bêtes à cornes, peuvent rester dehors, se nourrir et s'engraisser sans que le propriétaire ait aucune dépense à faire pour cela ».
Pour les 8 000 indiens qui vivaient dans les environs il était « sports-itanipi » (Celui qui demeure là-haut) et jouissait d'un grand prestige auprès d'eux. Cela lui fut d'une grande utilité lorsqu'en 1885 éclata une révolte parmi les différentes tribus indiennes. La communauté Pied-Noirs était sur le point de rejoindre le mouvement. Legal fut prié par le commandant d'un fort qui se trouvait à proximité de l'accompagner pour tenter de calmer les esprits. Il partit finalement seul, parcourut les environs et parvint à apaiser les esprits.

Un témoignage de son époque :
« Depuis dix-huit ans, le diocèse de Saint-Albert l'a vu porter à tous la lumière et les consolations de la foi catholique, malgré les rigueurs d'un froid excessif, malgré le dénuement, les fatigues et les privations de tous genres. Aussi la vénération due aux dignités et aux grandes vertus courbe les fronts sur son passage. Mais un sentiment plus doux incline vers lui tous les cœurs. Ce pontife qu'on vénère si religieusement, on l'entoure aussi d'une affection profonde, j'ose dire fraternelle, car Mgr Legal est ici véritablement comme un frère au milieu de ses frères. Il est né, il a grandi dans cette belle paroisse de Saint-Jean-de-Boiseau, qui est fière de lui aujourd'hui, à juste titre comme le plus illustre de ses enfants. Dans les rangs émus de cette assistance, Monseigneur peut reconnaître bien des visages amis. Parmi ceux qui s'inclinent sous sa main bénissante, plusieurs se sont agenouillés près de lui au banquet de la première communion ; plusieurs ont pu admirer plus tard dans le séminariste et le jeune prêtre la piété profonde qui les édifiait jointe à une véritable simplicité qui donnait un nouvel éclat aux brillantes qualités de son intelligence. On l'a aimé beaucoup autrefois ; et aujourd'hui qu'on le revoit, après dix-huit ans d'absence, couronné de la mitre des pontifes, on l'aime plus encore et j'ai vu plus d'une larme de joie couler sur son passage ».

Guy Gruais






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