A la place
de l'actuel bourg de Saint-Jean, des objets en bronze furent retrouvés en un
lieu appelé « le trait de la cour », dans le lotissement actuel des Violettes.
C'est dans
le courant du mois d'avril 1821 qu'un vigneron du bourg de Saint-Jean-de -Boiseau
brisa avec sa houe, en travaillant dans sa vigne un plat de poterie commune
recouvert d'une assiette de la même terre contenant huit instruments en bronze
et longs de 6 pouces (162 mm). Le vase était encastré dans une cavité de rocher
faite avec un outil aigu dont on reconnaissait les traces sur les parois. La
pierre était de nature cornéenne, elle était désagrégée en fragments de
diverses grosseurs. Le sol était recouvert de 9 pouces (250 mm) de terre
végétale et planté de vignes.
L'endroit
où furent trouvées les armes dans le clos précité est appelé « le Fort Giron ».
Cette parcelle se trouve en bordure de la route du bourg au Landas,
(actuellement à partir de l'école privée des filles sur 75 m de long et 50 m de
profondeur). Ce terrain dépend de la maison de la cour que les traditions du
pays désignent ainsi que la chapelle de Bethléem comme préexistants à la
fondation de la paroisse et du bourg de Saint-Jean de Boiseau.
A 3 pas de
la cavité renfermant ces dépôts, il y avait une pointe de rocher qui s'élevait
de 2,5 pieds (800 mm ) au-dessus du sol sur autant d'épaisseur. Il semble
qu'elle avait été choisie comme lieu de reconnaissance.
Ces
instruments de bronze ont la forme d'un marteau taillant ou d'un petit
hachereau. La partie postérieure est rectangulaire et se termine par un angle
fort aigu. Ils portent de chaque côté une gouttière ou canal de 3 lignes de
profondeur soit 6,75 mm. Toutes ces pièces ont été moulées en 2 parties et
coulées en coquilles.
Un
archéologue réputé Mr Athenas, ancien président en 1780 de l'Institut
Départemental de la monnaie à Nantes, né à Paris en 1742, mort à Nantes en 1829
s'était penché sur le problème.
Extrait de
le Société Archéologique du département en 1821 : La question qu'il s'est posée
est : « Quel était l'usage de ces armes et pourquoi étaient-elles au nombre de
8 ? ».
Tout
d'abord, il a pensé que ces armes étaient des armes offensives, leur
conformation ne se prêtant pas à l'usage du travail industriel. Il a fait
reconnaître la douille qui recevait le manche à l'aide duquel un guerrier
pouvait porter des coups violents.
Mr Athenas
a tenté de retrouver le nom que portaient ces armes. Ne s'agissant pas de
javelots ni de hallebardes dont nous connaissons la description, il nous manque
celle du « mattara » dont César, dans son livre Ier des
commentaires sur la guerre des Gaules, dit que les helvétiens se servaient dans
la bataille « d'un allancinois » ou « Mattara » pour blesser les soldats
romains à travers les roues de leurs chariots. Le mattara était lancé entre les
roues et faisait de vilaines blessures et fractures aux jambes.
Il y a lieu de croire que le mattara n'était autre que l'instrument trouvé à
Saint-Jean-de- Boiseau. En effet, le mot n'est pas latin, il est celtique. Mât
qui signifie « Bas » et Tarz ou Tarh qui signifie coup ou blessure. La forme de
ces engins semble bien convenir à porter des « coups basés ».
Mr Athenas
croit que l'enfouissement des 8 mattaras réunis dans un même vase de terre est
le gage d'un traité de paix qui aurait été conclu dans le champ où ils furent
trouvés. Il a visité la disposition des lieux et il y a reconnu l'assiette très
probable d'un oppidum romain, et qui correspond à une ville fortifiée antique.
Une pièce de terre voisine porte le nom de Fort Giron ; nom qui veut dire dans
le langage du moyen-âge « fortification », « enceinte de murailles ». M Athenas
pense que l'enfouissement des armes en signe de paix se rapproche de celle des
Indiens d'Amérique et voit un rapprochement dans l'origine des deux races.
Une de ces
armes a été déposée au muséum d'Histoire Naturelle qui l'aura cédée au musée
Dobrée et une autre à la Société Académique de Nantes.
Aucune
trace des six autres, malgré les recherches auprès des anciens de la commune.
Dans
l'exposé de Mr Athenas, il faut noter plusieurs inexactitudes : à la fin
du XVIII° et au début de XIX° siècle, l'archéologie préhistorique était
pratiquement inconnue et la chronologie des différentes époques inexistante ;
pardonnons donc à cet érudit ses erreurs de datation.
En effet,
il situe ces objets en bronze à l'époque des gaulois. Ceux-ci depuis plusieurs
siècles n'utilisaient plus cet alliage pour fabriquer leurs armes.
Ils étaient
passés maîtres dans l'art de forger le fer.
Dans nos régions, l'âge du bronze commence réellement vers - 1500 avec
l'apparition de foyers de métallurgie et nouveauté essentielle la fabrication
d'objets en série, haches, épées, poignards etc. Cette industrie va perdurer
jusqu'en - 800. Il s'agit plus de pièces atypiques dont nous ne connaissons pas
l'équivalent et qui apparemment appartiennent au bronze final (- 800).
Il faudrait
en retrouver un exemplaire et l'étudier pour en déterminer exactement la
nature.
Biographie :
Mr Athenas
est né à Paris en 1742 et mort en 1829 dans la région du Croisic. Chimiste,
agronome, archéologue, il fut l'un des fondateurs de la Société Académique de
Nantes. Il acheta la métairie de la Fenêtre à Saint-Jean-de-Bouguenais où il
fit les premiers essais d'une charrue à brabant.
Elu membre
de la municipalité de Nantes en 1791, une rue porte son nom à Nantes, près du
Muséum d'Histoire Naturelle.
Il mit au
point un procédé de fabrication de la soude à partir du sel. Il créa également
une entreprise de distillation ambulante, malheureusement sans succès. Et c'est
lui qui découvrit la mine d'étain de Piriac.