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Le patrimoine religieux : croix, calvaires, chapelles, oratoires, puits et niches

 

 

Si, pour la majeure partie de la population boiséenne, le patrimoine religieux de la commune se résume à l’église et à la chapelle de Bethléem, il existe cependant de nombreux éléments matériels aujourd’hui pratiquement tombés dans l’oubli. Cet article qui n’a pas la prétention d’être exhaustif, se donne comme objectif l’inventaire des calvaires, croix, chapelles, oratoires ainsi que les maisons à niche et les puits portant un signe distinctif en rapport avec la religion. J’y ai inclus ceux de La Montagne avant 1877, date de création de cette commune.

L’église et la chapelle de Bethléem ont déjà fait l’objet d’articles dans notre bulletin dans les numéros 3, 5, 11, 13 et 22. Aussi, je ne retracerai que l’histoire des autres éléments existants ou disparus. Elevés avec passion et foi par ceux qui nous ont précédés sur ce territoire, ils sont les témoins d’une ferveur populaire envers la doctrine chrétienne. La religion a dicté la façon de vivre des paroissiens jusqu’au concile de Vatican II, avec son faste et son décorum, ses règles et ses interdits auxquels même les non-croyants étaient parfois mêlés. Les enfants nés après 1970, n’ont pas connu ces pratiques et ces traditions : se signer chaque fois que l’on passait devant une croix ou faire la génuflexion devant un calvaire.

Placées sur le chemin des processions les croix matérialisaient un événement, heureux ou malheureux, où le cortège faisait une halte pour y réciter une prière. Même sur les chemins isolés ou à l’angle d’un carrefour, ces petits monuments étaient régulièrement fleuris par les habitants du village le plus proche. Elles portent le plus souvent le nom du lieu où elles se trouvent, car les documents précisant les circonstances de leur érection sont rares avant le XIXème siècle. Les autres sont connues par le saint où la sainte quelles honorent enfin aussi quelquefois par le nom des donateurs.

Si notre époque est plus sensible à d’autres expressions et croyances qu’à l’implantation d’une croix, il serait cependant très regrettable que ces monuments chargés d’histoire, disparaissent de notre paysage. Qu’adviendra-t-il de ce patrimoine lorsque les personnes âgées qui les entretiennent ne pourront plus le faire ? Déjà, plusieurs ont été détruits et d’autres, presque à l’abandon, sont menacés

Les croix

Une croix est un édicule religieux chrétien avec ou sans Christ en croix. A Saint-Jean elles sont de 3 types et repérées sur le plan avec des numéros de 1 à 17 :

- Croix de pierre

Elles sont au nombre de quatre dont probablement la plus ancienne de la commune étant celle des petites Landes. Dans le langage courant elles sont souvent appelées calvaire.

1. Croix de la Télindière :
Situation carte : cadastre 2005 : section G, feuille 2. Numéro 358.
Date de construction : 1803
Croix en granit et socle maçonné en gneiss comportant l’origine de la croix.
Historique : Croix érigée par les époux Simon Mocquard et Catherine Thabard. Elle a été restaurée en 1890 par leurs arrière-neveux.

2. Croix du Chédâne:
Situation carte : cadastre 2005 : section G, feuille 2. Numéro 378.
Date de construction : avant 1836.
Croix en granit avec socle maçonné en gneiss et granit avec niche.
Historique : Calvaire d’origine inconnu, détruit en septembre 2006 pour la création d’un rond-point. Elle était proche de l’ancien moulin Veil et du village du Surchaud, à la limite de la commune avec celle du Pellerin. Cette croix est citée lors du circuit des processions des Rogations du mardi. Celui-ci partait de l’église en direction de la route de Paimboeuf, en montant par le Landas, puis arrivé face au Surchaud, il quitte la route de Paimboeuf (grande route) traverse le Surchaud, se rend à la croix Chédâne, de là se dirige à la Télindière, qu’il traverse, remonte la rue du château pour prendre le chemin qui conduit à Bethléem, puis, la messe est dite à la chapelle et la procession regagne ensuite l’église. Rédaction de l’abbé Nouël (1859-1873).

3. Croix de la Clotais :
Situation carte : cadastre 2005 : section E124, feuille 2.
Date de construction : 1862.
Croix et socle en granit. Crucifix fonte moulée. Origine gravée sur socle.
Historique : Croix érigée pour la mission de 1862.
C’est la première mission qui nous soit décrite pour la commune. Elle se déroula le 12 janvier, jour de l’épiphanie. Les exercices de la mission furent faits par le supérieur des missionnaires de l’Immaculée de Nantes, M. Jubineau et ses ouailles Grasset et Brelet, ainsi que quelques prêtres du voisinage. Elle commença par une messe à 9h1/2, des messes pour les défunts et le renouvellement du serment du baptême etc…. Au cours de cette mission 650 habitants communièrent. Une somme de 1100 francs fut recueillie pour la paroisse et à cette occasion une croix fut érigée sur la route de Bouguenais à la Clotais. Elle fut financée par les paroissiens présents et Mme De Martel, son coût était de 300 francs. Quarante jours d’indulgences furent accordés par l’évêque à ceux qui diraient une prière devant cette croix.

4. La Roche de Grée :
Situation carte : Roche de Grée route de Paimboeuf.
Cadastre 2005 : pas recensé.
Date de construction : 1800/1810.
Historique : après les guerres de Vendée les paroissiens de Brains, Saint-Jean-de-Boiseau et Le Pellerin décidèrent d’ériger ce calvaire, là où fut tuée Anne Jeanneau, le 10 septembre 1793, par les colonnes infernales. Janneau Anne, mère de François Girard, a été tuée par les troupes républicaines le 10 septembre 1793 au lieu de la Roche des Grès, et son corps a été inhumé au lieu ordinaire de son village, elle habitait la Télindière.
Le même jour, 11 autres personnes des 3 communes furent aussi tuées dans les environs, au Bois de Jasson, au Vieux Four, au Surchaud, à la Prunière. Ces deux derniers villages ayant de plus été presque entièrement brûlés par les soldats républicains.
Ce lieu d'une martyre fut peut être choisi parce qu’il se trouve au point de jonction des trois communes du canton durement frappées dans cette période : Brains, Saint-Jean-de-Boiseau et Le Pellerin. Cette dernière explication est très plausible, car la tradition orale, rapporte que cette croix fut érigée par les paroissiens des trois paroisses. Lors d'une procession, ils apportèrent chacun une pierre, qu'un maçon disposait en cercle pour former une colonne. Ceci expliquerait l’absence de fondation à l'édifice ce qui le rend si fragile. Une croix en granit fut mise au sommet. Un petit jardinet, fleuri régulièrement par madame Grollier, de la ferme et du moulin situés juste en face, était entouré de pierres à la base de la colonne
Chaque année, lors des ROGATIONS, les processions des trois communes convergeaient vers cet endroit pour une dernière halte et chanter un REQUIEM, le LIBERATOR annonçant la fin de la cérémonie.
1968 verra l'arrêt de ces cérémonies et l'entretien de la croix ne fut plus assuré après de décès de la madame Grollier. La croix de granit se brisa et le jardinet redevint prairie.
Le Souvenir Vendéen, par l'entremise de l'un de ses membres, en l'occurrence Pierre Fréor, voyant le monument en mauvais état, décida de réparer la croix. Il en fit une en fer forgé dans son atelier, qu'il scella au tronçon de granit subsistant de la croix d'origine. Une petite cérémonie en présence de l’abbé Siloray marqua cette restauration peu réussie.

5. Croix de Bougon  :
Cette croix dont le socle et la croix sont en granit, se situe dans un jardin côté rue de l’ancienne route de Paimboeuf, au carrefour de la belle étoile. Elle existe toujours et ne porte aucune inscription. Grâce à Lucie Grellier née Brounais, aujourd’hui âgée de 101 ans nous avons pu obtenir quelques informations sur ce calvaire : Il date de la période de mon grand- père (le grand père de Lucie) née en 1831 mort en 1914 en allant livrer de la marchandise à Nantes : sa charrette l’a écrasé . Au départ, le calvaire était situé à l’angle du chemin qui reliait La Montagne à la route de Paimboeuf, appelé en 1836, le chemin des vaches. Lorsque le chemin a été élargi pour devenir la route de la Belle Etoile ([1]), le calvaire a été déplacé sur le terrain devant la maison de Jean Grellier. Cette maison a été construite en 1910. La maison contiguë a été construite en 1936. C’était un café qui a été déplacé de l’autre côté de la rue de La Belle Étoile. Les processions de Brains s’arrêtaient à ce calvaire avant de poursuivre vers une autre station. Ce calvaire a donc plus de 150 ans. Voir réalisation de la route de la Belle étoile.

- Croix en fer

Ces croix sont très rares en Bretagne, sauf en Loire Atlantique. Il en existait cependant au XVIIème pour christianiser les mégalithes en fixant à leur sommet ces symboles religieux. Beaucoup sont récentes et proviennent de la récupération sur des tombes du cimetière, probablement lors de son transfert au lieu actuel.

6. Croix du Landas :
Situation carte : cadastre 2005 : section E, feuille 4, numéro 1166.
Date de construction : début XXème.
Croix métallique moulée, socle en maçonnerie.
Historique : Origine inconnue. Se trouvait sur le circuit des processions. Légèrement déplacée pour la construction du rond-point en 2006.

7. Croix des Gras :
Situation carte : cadastre 2005 : section F, feuille 1 numéro 561.
Date de construction inconnue.
Croix métallique et crucifix moulé en fonte. Socle maçonné en pierre de gneiss avec niche, surmonté d’une dalle de granit.
Historique : Croix érigée sur le chemin qui conduisait du bourg à la Télindière avant la réalisation de la route dite de Nantes à Cheméré, donc antérieure à 1850. Elle est toujours fleurie par une paroissienne de ce village.

8. Croix de la Lirais :
Situation carte : cadastre 2005 : section C, feuille 3, numéro 1858.
Date de construction : inconnue
Socle en granit et croix métallique moulée avec crucifix.
Historique : Calvaire détruit en 2006 pour la réalisation de la voie rapide Nantes-Paimboeuf. Situé sur le circuit des processions. Inscription d’origine sur le bloc frontal du socle non lisible. Les éléments ont été récupérés par la municipalité pour un éventuel remontage dans un lieu proche.

9. Croix de la Fontaine :
Situation : place des acacias à la Télindière. Elle fut érigée en 1967. Son socle en maçonnerie est surmonté d’une croix en fonte moulée offerte par la famille du boulanger Fleurance. Cette croix a été récupérée sur la fontaine qui se trouvait au centre de la place.

10. Croix de la rue Jean de Martel :
Situation, au 19 rue Jean de Martel. Elle a été supprimée par les nouveaux propriétaires lors des travaux de rénovation de la maison au début de l’année 2000. Son socle en maçonnerie, surmonté d’une dalle de pierre, comportait une croix métallique moulée avec un christ en croix entouré de vignes. Autrefois il était régulièrement fleuri notamment par Anna et Maria BODINEAU.

11. La Perche :
Le troisième oratoire se situait rue de la Perche, au bord de la route contre le mur de la maison à Marie Delaunay-Buaud. Il était constitué d’un massif de maçonnerie surmonté d’une croix métallique. Il a été démoli par un camion qui effectuait une manœuvre entre 1944-1945. Il empiétait sur la chaussée. Il ne reste plus qu’un pan de mur en bordure de la route face au numéro 25.

- Croix de Bois

12. La croix Truin :
Situation carte : cadastre 2005 : section D, feuille 2, 1727.
Date de construction 1875
Croix en bois, crucifix en fonte moulée et socle en granit.
Historique : Croix érigée en 1876, en souvenir du jubilé paroissial de 1875. Il fut très suivi par les paroissiens. Cette initiative est due au curé de l’époque, Guillaume Durand Gasselin. La croix en bois fut donnée par la famille de Laville-Leroux.
En 1991, le socle de la croix menaçait de s’effondrer. Devant le danger représenté par la chute du monument, les retraités de l’Alerte décidèrent de démonter cet ensemble et de le restaurer. Ce travail fut réalisé entre le 24 novembre 1990 et le 18 mars 1991. Pour célébrer cette remise en état, une petite cérémonie fut célébrée en présence des bénévoles, auteurs de ce travail, ainsi que de quelques paroissiens et le curé de Saint Jean, Joseph Fleury.

13. Croix des défunts dans l’ancien cimetière :
Située dans la partie Est de l’ancien cimetière, autour de l’église. Elle était en mauvais état en 1832 et menaçait de tomber. Le conseil de fabrique fit l’acquisition d’une nouvelle croix le 2 décembre de cette même année. Elle a été détruite lors du transfert du cimetière au lieu actuel en 1861. Nous n’avons aucune description.

14. La croix des défunts devant l’église :
Cette croix située devant l’ancien réseau du chœur de l’église, est appelée croix des défunts en souvenir de l’ancien cimetière qui se trouvait sur la place. Elle fut érigée le 21 avril 1862. Pour son acquisition le curé donna la somme de 300 francs et il la bénit en 1863. C’est à cet endroit qu’on mettait le principal reposoir lors des fêtes Dieu.
Elle a été supprimée en 1966. Le socle quant à lui fut détruit lors des travaux d’aménagement de la place. La croix était pourri et le christ en fonte, couleur argenté, fut démonté puis récupéré par le curé Rucher. Il en fit don à Paul Gautret qui l’entreposa pendant 30 ans dans son atelier à la Télindière. Après bien des démarches auprès de l’évêché et le secours catholique, Paul Gautret, missionnaire en Côte d’Ivoire le fit transporter à Saint-Nazaire pour être acheminé par bateau en Afrique. Elle a été remontée dans l’église du village de SAKASSOU ([2]) fin novembre 1999. Dès que le père Gautret quitta son cher village, son successeur, un missionnaire italien, peignit le christ de Saint Jean avec des couleurs pour lui donner une apparence plus humaine.

15. Croix de Boiseau :
Elle se situait dans la rue des commerces. Elle était, nous dit l’abbé Nouël, au milieu du village. Elle existait encore en 1860 et on y faisait une halte lors de la procession des Rogations du mercredi. Elle a disparu depuis et nous n’en avons aucune description. Par contre en 1836 une croix est signalée sur le cadastre à la place du futur oratoire du Dine Chien.

16. Croix de la métairie des Landes :
Croix disparue. Nous n’en avons aucune description. Dans les registres de la fabrique nous avons la preuve de son existence : Le 12 janvier 1872, il est indiqué qu’une réparation y a été faite.

17. Croix Saint Jean à Rocheballue :
Elle se situait sur la commune avant la séparation de 1877. Cette croix a été détruite à une date inconnue. On retrouve sa situation sur le cadastre de 1836, à l’intersection de la route de Bouguenais et celle menant au village de Roche-Ballue proche du château d’Aux. Nous n’avons pas sa description.
La procession des Rogations du lundi partait de l’église à 6 heures du matin, rejoignait la route de Paimboeuf par la Métairie des Landes, puis le chemin qui va vers Roche-Ballue où l’on fait un arrêt à la croix pour y chanter un Libertas pour les victimes des massacres du château d’Aux (pendant les guerres de Vendée), puis à la chapelle du château d’Aux où avait lieu la messe de la station. On revenait à l’église en passant par le Fresne, la Briandière et la Cruaudière. On faisait une halte au bout du Chemin des Vaches avec retour par le Landas.

18. Croix au bas de Primevère :
Cette petite croix se trouvait être à usage privée dans le jardin de la maison située en bas la rue des primevères, côté rue du Chat qui guette. Elle a été détruite.

- Les oratoires

Le calvaire porte un Christ en croix entouré de quelques personnages incrustés dans une scène évoquant la crucifixion. A Saint-Jean-de-Boiseau nous n’avons pas ce type de calvaire, mais quatre oratoires ont existé et un seul calvaire situé au cimetière.
Historique : En 1854, d'août à novembre, 185 personnes succombèrent à l’épidémie de choléras qui sema le désastre dans la commune. Ce sont incontestablement les femmes et les enfants qui souffrirent le plus de cette épidémie. Les hommes qui allaient aux champs, ou à l'usine dans la journée, échappaient davantage aux risques de contagion. 32 hommes, 73 femmes et 80 enfants (dont 66 de moins de 10 ans) succombèrent ainsi. Certaines familles furent décimées et déplorèrent la perte de 6 enfants. Il y eut jusqu'à 7 décès dans une même journée En 1853 durant la même période il y eut 18 décès ; en 1855 toujours durant ces 4 mois, 25 morts. C’est le village de Boiseau qui fut le plus contaminé.
Pour vaincre le fléau, un vœu fut fait par les paroissiens, sous l’égide du curé Aubert, d’édifier un oratoire à Notre Dame de la Salette, de l’honorer et de la prier si l’épidémie s’arrêtait. Le vœu fut sans doute exhaussé car il n’y eut plus qu’une seule victime, le père Blanchet de l’Etier. C’est ce qui explique la réalisation des trois oratoires sur Boiseau.

19. Le Dîne Chien :
Cet oratoire n’existe plus. Il a été détruit pour la réalisation des travaux de voirie et d’aménagement de la place du Maréchal Leclerc en 1949. Il se trouvait sur la place, à l’angle de la rue des Primevères et des Charreaux. Son socle maçonné comportait une niche. Autrefois les gens n’appelaient pas ce lieu le Dîne-Chien, mais avant la révolution le Digne-chien.
Voici ce qu’écrivait Pierre Fréor à ce sujet :
En souvenir de ces évènements la procession se rendait chaque année devant l’autel, aujourd’hui disparu, place du dîne Chien. Pourtant ces monuments religieux étaient l’objet d’une grande vénération : pendant toute la guerre de 14-18, en toutes saisons et par tous les temps, un groupe de femmes de Boiseau et des environs vinrent réciter le chapelet, et cela jusqu’à l’Armistice. Le même nombre de femmes ne manque jamais un jour de prières et cela aux deux croix de la Salette de Boiseau.
Je me rappelle que dans ma jeunesse (autour de 1900), dans les cas désespérés de certains malades, une neuvaine était célébrée par les habitants du quartier (Boiseau). Je revois cette croix illuminée par des cierges qui brillaient dans la nuit et produisaient une forte impression. ([3])

20. L’Etier :
Cet oratoire ne se trouvait pas là où il est aujourd’hui. Il était situé près de l’Etier, à l’emplacement de la maison Gendronneau, en face du monument actuel. Il fut édifié comme celui du Dîne Chien après l’épidémie de choléra de 1854. Il fut démoli au début des années 1870 pour l’agrandissement de la rue des commerces. En 1875, les habitants de Boiseau, voulant conserver le culte de Notre Dame de la Salette et pour perpétuer le vœu, décidèrent de le reconstruire de l’autre côté de la route. Mais dans l’état de délabrement où il se trouvait, ils en profitèrent pour le reconstruire. Ce nouveau monument fut l’œuvre de l’architecte monsieur Barranger. Sur une base de granit formant sept marches, il est constitué de blocs de tuffeau sculptés comportant une niche en forme de chapelle et surmontée d’une croix du même matériau ; Sur celle-ci est fixé un crucifix métallique. A l’intérieur de la niche, deux personnages statufiés représentent un pasteur donnant la communion à un enfant. Dans le socle fut scellé une pierre provenant de la Salette dans l’Isère. C’est en ce département que la vierge aurait posé son pied lors de son apparition aux deux jeunes bergers qui gardaient leurs troupeaux. Cette pierre fut donnée par mademoiselle Des Brulés, une institutrice nantaise guérie miraculeusement, à mademoiselle de Laville Leroux de la Cruaudière. En 1880, l’évêque de Nantes, Monseigneur Jules Le Cop, répondant à l’appel de l’abbé Durand-Gasselin, curé de la paroisse, vint bénir ce petit oratoire.

21. Oratoire de l’ancienne cure :
Il est situé dans le mur de clôture de l’ancien presbytère (aujourd’hui centre culturel Edmond Bertreux). Cet oratoire est entouré d’un joli appareillage de briques dans le style italien de la Garenne Lemot. Ce presbytère a été en partie financé par Mme de Kercabus ce qui explique cette décoration utilisée aussi pour la maison du gardien du château du Pé, la tour et les piliers des entrées du château. Il a été réalisé en 1850.La statuette représentant Saint Expedit se trouve au sommet du monument non dans la niche, mais la tête est très érodée par la pluie. Selon la légende, Saint Expédit était un commandant romain d’Arménie converti au christianisme et qui fut décapité par l’empereur Bysantin Dioclétien en raison de ses convictions religieuses en l’an 303 de l’ère chrétienne. Bien que toujours vénéré, certaines autorités de l’Eglise, s’interrogent sur son existence réelle. Selon elles, il aurait été inventé par erreur par un groupe des sœurs de Paris qui reçurent de Rome des reliques emballées dans un paquet sur lequel était écrit expédito et sans mention de quel Saint elles provenaient.
Cependant, L’Eglise catholique ne condamne pas son culte dont la fête se déroule le 19 avril. C’est le Saint patron des écoliers.
Cette Statuette a été offerte autour des années 1920, par une paroissienne qui fit le vœu d’offrir à la paroisse la représentation de Saint Expédit si elle trouvait à se marier dans l’année. Son souhait fut exaucé et elle offrit au curé la statue du saint invoqué par elle. Cependant elle exigea l’anonymat sur sa démarche. Devant cette décision, le curé refusa de placer Saint Expédit dans l’église et l’affecta au presbytère où elle est aujourd’hui. Depuis, l’érosion fait son œuvre et, si le martyr romain en perdit la tête, la statuette en fait de même.

22. Calvaire du cimetière : ancien et nouveau :
Initialement le cimetière se trouvait autour de l’église et l’ossuaire y était accolé à la sacristie, dans l’angle, face à l’entrée actuelle de la société l’Alerte. Pour des problèmes de salubrité et de surface, après plusieurs années d’investigations pour un nouvel emplacement, la municipalité décida d’affecter le nouveau lieu d’inhumation dans un terrain proche du parc du Pé. Un premier transfert fut effectué, le jour de la Sainte Clair 1861, pour les ossements situés dans les parties situées à l’Est et au Nord-Est de l’église. M. Mocquard, le maire, Fradet, le président du conseil de fabrique, Messieurs Jean-Baptiste et Sébastien Bertreux, adjoints portaient les cordons de la bière. Les conseillers de la fabrique portaient la bière elle-même. Ce n’était que le prélude de ce qui devait arriver plus tard, à l’époque de la seconde translation. Messieurs Leroux et Pilard, anciens curés de la paroisse ont été transportés au pied de la croix du nouveau cimetière en 1862. En 1863, on leur a fait élever à chacun un tombeau.
Le calvaire du nouveau cimetière fut inauguré en 1892. Le monument était destiné à commémorer le souvenir des combattants de la guerre de 1870. On mit dans la pierre formant le soubassement du monument, une boite de plomb contenant la liste, sur parchemin, de tous ceux qui par leur don permirent son financement, plus la somme de 3,63 francs constituée de diverses pièces de l’année 1892. Cette boite y est toujours. Le calvaire, en granit bleu, est l’œuvre de l’architecte M Lafont. Son prix fut de 1000 francs. Sur l’une des faces il est indiqué : Souscription communale de 1891 et sur l’autre Je suis la résurrection et la Vie.
Mais, c'est à la suite du premier conflit mondial que la France se couvre de monuments aux morts. C'est naturellement que l'on a utilisé de nouveau le calvaire pour les morts et disparus des deux Guerres mondiales. Des plaques en bronze sont disposées tout autour du socle : celle avec la liste des 56 morts de la première Guerre Mondiale, une autre pour ceux de la seconde Guerre Mondiale. Pour la République, le rappel des morts devait être matérialisé par une statue au centre de l'espace public. C’est l’abbé Eraud qui bénit le 9 octobre 1920 le monument. Il représente un soldat blessé à mort adossé à la croix, à demi renversé sur un affût de canon de 75 dont la volée est brisée. Il tient à la main gauche la crosse d’un fusil également brisé. Le prédicateur fut le révérend père Averty, missionnaire diocésain, enfant de la commune, mutilé de guerre, décoré de la médaille militaire. Il commenta avec éloquence les vers d’un poète français.
Ceux qui pieusement sont mort pour la patrie ont droit qu’à leur tombeau la foule vienne et prie.
La statuaire du monument fut supprimée en 1986. Au cours du rude hiver 1985, la neige s'est déposée sur la statue en tuffeau. Personne n’ayant pris soin d’enlever cette neige, elle a fondu en partie et l’eau a pénétré dans le matériau perméable de la sculpture et s'est transformée en glace provoquant l’éclatement des parties externes de la statue. L’hiver suivant les dégradations s’avérant importantes, les anciens combattants demandèrent à la municipalité de le rénover ou de le remplacer. Devant le coût estimé pour la réparation, le conseil municipal, après en avoir débattu, ne donna pas suite et décida la suppression du soldat et de son affût.

- Les chapelles

23. La chapelle du Fresne :
Parmi les autres bâtiments religieux de Saint-Jean-de-Bouguenais (avant la révolution et la création de la commune de la Montagne) il y avait au village du Fresne une petite chapelle. Elle était, selon la tradition orale, consacrée à Notre Dame du Fresne. C’était le lieu de dévotion des marins et des pêcheurs venus la prier pour obtenir sa protection. Les marins profitaient de cette halte pour puiser de l'eau à la fontaine située à mi-côte. On dit également que les navigateurs plus pressés la saluaient, lors du passage de leur bateau, d'un coup de canon ou de corne de brume. Quatre documents nous prouvent son existence :
le 10 septembre 1305, le duc de Bretagne Jean II, y fit une halte lors de son voyage pour rencontrer le pape à Lyon. Il était accompagné de sa troupe et son cortège d’intendance composé d’environ 90 personnes. Il y fit une prière pour la réussite de son entreprise auprès du Saint Père. Grâce au livre de compte relatant son périple nous savons qu’il y dépensa : en la chapelle Notre Dame du Fresnes et paie pour Chevalise pour Monsieurs 2 sol 8 deniers.
Cela ne lui porta cependant pas bonheur car il mourut en arrivant à Lyon.
En 1437, "Le sieur GUERIN, seigneur des DURANDIERES, confesse tenir une pièce de terre en la paroisse de SEIN JEHAN de BOUGUENAY près de la chapelle du FRESNE ! ...
En 1646, lorsque le peintre hollandais Schellinks descend le fleuve il relate : nous passâmes beaucoup de villages. Ainsi nous passons la Montagne ou il y a un ermitage d’où l’on voit la ville de Nantes s’étaler devant nous.
Lors de travaux dans la rue du Fresne, il a été découvert des sarcophages en calcaire coquillé d’époque médiévale. Il y avait probablement un petit cimetière proche de cette chapelle. Elle figure sur la carte de Cassini réalisée en en 1780.

24. La Chapelle de Launay :
Le château de l'Aunay, ou plutôt ce qu’il en reste, ressemble aujourd'hui à une vieille demeure que l'on pourrait assimiler à une petite ferme. Il était situé près du collège Saint- Exupéry à la Montagne. Autrefois il était au cœur d'une vaste propriété, au milieu des champs. Une grande cour carrée "la cour de l'Aunay", entourée de bâtiments, se trouvait devant la façade du château. A gauche il y avait un colombier et à droite deux grands étangs. Une grande allée partait de l'entrée jusqu'à l'actuelle route de Bouguenais.
En 1708, le château subit de profondes transformations pour devenir une jolie châtellenie. En 1709, son propriétaire, Laurent de Monti fit construire une petite chapelle qui fut bénite le 4 avril 1710. Elle était dédiée à la vierge Marie. Plusieurs cérémonies familiales s’y déroulèrent :
- "Le 17 septembre 1711 fut ondoyé N.De Monti, fille de messire Laurent de Monti chevalier seigneur de Launay, lieutenant-colonel et dame Pélagie Leborgne son épouse. Présents dame Anne Leborgne, dame de la Blottière et demoiselle marquise Leborgne".
- Le 12 juin 1714 : Baptême de Charles Claude, fils de messire escuyer chevalier Laurent de Monti seigneur de Launay et autres lieux et Pélagie Leborgne... Parrain Pierre Jousse et marraine Anne Dupuy.
- Le 15 juin : Baptême de Marie Adélaïde, fille de Laurent de Monti chevalier seigneur de Laufrère et de Launay, parrain Claude de Monti chevalier seigneur de la Jaunaie et Rezay, marraine dame Marie Rogon, religieuse cordelière, cy-devant supérieure des couvents de Savenay et Champigny.
- Le16 juin 1717 : Baptême de Charles, fils de Laurent de Monti…Parrain messire Estienne du Moulin, chevalier seigneur du Brossay et de la Briandière et marraine, noble dame Louise de la Roche, dame de Fougère.
- Le 8 octobre 1724, baptême d'Angélique de Monty, fille de Laurent de Monty, chevalier seigneur de Launay et de la Maillardière et autres lieux… Parrain Charles Claude de Monty, chevalier seigneur de Malthe et marraine Pélagie de Monty.
- Le 18 octobre 1729, la femme du seigneur de Launay, Pélagie Leborgne, décède à l'âge de 45 ans. Un peu plus d'un an plus tard Laurent de Monti épouse en deuxième noce dame Marie Busson. Ils auront ensemble d'autres enfants.
- Le 5 octobre 1732 : Baptême de Charles de Monty, fils de Laurent de Monty de Beaubois et chevalier seigneur de Launay… Parrain Jean Prin et marraine Marie Chenet.
- Le 2 janvier 1734, baptisé dans la chapelle de Launay, messire Charles Joseph de Monty.... Parrain messire Joseph Lelong chevalier seigneur du Dreneuc et de la Bourgeonnière, marraine noble dame demoiselle Marie Adelay de Monty.
- Le 3 mai 1736 : Baptême de Marie Claude de Monty, fils de Laurent de Monty...parrain Charles de Monty chevalier de Saint Jean de Jerusalem, marraine Marie Cassard.
Nous ignorons la date de destruction de cette chapelle. Le domaine fut démantelé après la Révolution, et la majorité des bâtiments furent détruits.

25. La Chapelle de la Hibaudière
En 1658, Noble Homme Jacques Peillac, sieur de la Hibaudière, fils de Pierre, avocat au parlement de Nantes, habite cette ville dans la paroisse Sainte Croix. Son frère cadet, Jean, ex-chanoine de l'église collégiale de Nantes lui cède tous ses biens le 6 août 1662.Cette acte de donation fut lu à la porte des églises de Saint-Jean et Saint-Pierre de Bouguenais, mais aussi à Machecoul, Saint-Cyr-en-Retz, Bourgneuf, Fresnay, Bois de Céné et Rezé où les cédants possédaient de nombreux biens.
Jacques Peillac se trouve ainsi à la tête d'une confortable fortune. En 1667 il occupe la fonction de conseiller du Roy au siège du présidial de Nantes et épouse Jeanne Bretagne. Le couple réside à Nantes rue de la Juiverie, mais leurs séjours sont fréquents à la Hibaudière. Le curé de la paroisse de Saint-Jean, Jacques Peillac, est un membre de cette famille. A la mort de son mari, Jeanne Bretagne réside définitivement dans son château qui possède une petite chapelle privée. Elle héberge ses enfants à la Hibaudière et dispose à son service d’une gouvernante et un prêtre particulier, Hervé Castel, qui fait office de précepteur pour sa petite fille Françoise Jeanne Peillac. Le prêtre restera en compagnie de la Dame de la Hibaudière, comme on l'appelle, jusqu'à sa mort en 1720.
Très pieuse et charitable, elle devient la bienfaitrice de Saint-Jean-de-Bouguenais. En 1699 elle est la marraine de la grosse cloche qu'elle vient d'offrir à l'église. En 1715, elle fonde la première petite école de la paroisse.
En 1764, le petit-fils de Jeanne Bretagne dilapide le patrimoine et ses dettes se montent à plus de 50 000 livres. Il est bientôt acculé à la ruine. Pour rembourser ses créanciers, il fait couper les plus gros arbres du parc pour les vendre, et le beau château qui n'est plus entretenu, se délabre et tombe en ruine. Une expertise s'effectue sous la pression des créanciers qui conduisent le dernier propriétaire de la famille Peillac à vendre son domaine. En voici le résumé : Les beaux arbres du parc ont été coupés pour être vendus. Les murs de clôtures et les piliers de la grille d'entrée se sont écroulés et l'intérieur de l'habitation est dans un état pitoyable. Dans la chambre des domestiques la toiture prend l'eau et toute la charpente et le lambris sont pourris. Ailleurs certains murs ne paraissent pas devoir subsister plus de deux mois au dire de l'expert qui signale également le délabrement de la toiture de la petite chapelle dont la pluie érode l'autel.
L'acquéreur du domaine est François Vincent D'Aux. Il est né à Saint-Domingue ou il fit fortune. Avant d'habiter le château, de gros travaux s'avérèrent nécessaires. L'ancienne gentilhommière fut rasée. C'est le grand architecte nantais, Ceineray, qui réalisa les plans du nouveau château, reconstruit dans le style XVIIIème. La fortune du nouveau propriétaire établie dans une sucrerie et un haras à Saint-Domingue, permit de financer cette magnifique demeure et la reconstruction totale de la chapelle. Il fallut près de dix années pour achever l'ouvrage, que la châtelaine ne verra hélas pas puisqu'elle décèdera prématurément.
Les festivités qui suivirent la prise de possession définitive du château, en 1774, furent grandioses et toute la noblesse des environs y fut conviée. Le service était assuré par des nègres et négresses en livrée et une grande chasse à courre fut organisée dans les bois de Bougon.
Veuf, mais père de deux enfants, François Vincent D'aux se remaria en septembre 1775 avec Catherine-Perrine Pépin de Belle-Isle, dont les parents possédaient une propriété à la Chevrolière. Il avait 40 ans et elle 20 ans. Deux filles naquirent de cette union et furent baptisées par le recteur de Saint-Jean, dans la chapelle privée du domaine. Tout d’abord le 27 septembre 1777 Marie Anne Renée Perrine et le 11 septembre 1779 Joséphine Marie.
Hélas le seigneur de la Hibaudière se retrouva à nouveau veuf le 7 septembre 1781.
Puis vint la période révolutionnaire, la réquisition de la propriété pour loger l’armée républicaine chargée de combattre l’armée rebelle. Lorsque François Vincent d’Aux récupère son bien, celui-ci est très dégradé. Malgré son âge, il entreprend de le restaurer et lorsque les travaux s’achèvent, il meurt sans avoir profité de son cher château. Ses héritiers ne sauront sauver ce patrimoine et il faut à nouveau le vendre.
Le 13 mai 1843. L’Evêché déclare que la chapelle du château de la Hibaudière se trouve en bon état et pourvue des ornements et objets nécessaires pour la célébration de la messe. Il y a une tribune réservée et ornée d’une rampe de fer. L’autel est beau, le tableau du Titien représente un christ en croix, il y a un confessionnal, nous y entendons les infirmiers et quelques autres personnes. Sous la tribune il y a trois tombeaux de marbres, de l’autre côté sont la sacristie et un vestiaire qui renferme les ornements de toutes les couleurs. ([4])
Après plusieurs successions, Louis Félix Cadou, propriétaire à Paris en fit l'acquisition le 15 septembre 1880 pour la somme de 450 000 francs. Ce faible prix eut égard à la propriété s'explique par le mauvais état dans laquelle se trouvait l'habitation. Il entreprit une nouvelle restauration, pour en faire sa résidence principale et fit exhumer les cercueils de la famille d’Aux qui se trouvaient dans la chapelle. Ceux-ci furent conduits dans celle de Fonteclose, chez monsieur Baudry d'Asson. Ainsi, même après sa mort, Monsieur D'Aux n'eut pas le bonheur de résider dans son domaine. C’est probablement à cette date que la chapelle fut détruite. On peu la situer sur le cadastre de 1836.
Monsieur Cadou mourut en 1903 et sa femme en 1915. Leur fille mariée avec monsieur Say, riche industriel du sucre à Nantes, hérita à son tour de la Hibaudière. Elle y résida peu, le louant occasionnellement.
Pendant la première guerre mondiale, les dépendances servirent de logement pour les prisonniers allemands et le château abrita la congrégation religieuse des sœurs d'Amiens.
Abandonné et mal entretenu, le domaine devenait une charge pour sa propriétaire qui se décida en 1920 à le mettre en vente. L'ensemble fut morcelé en plusieurs lots et tout ce qui était vendable en bois et en mobilier le fut aussi. La ville de Nantes décida le 15 juillet 1926 de l'acquérir pour en faire une école de plein air destinée aux enfants à la santé fragile. Le premier directeur de l'établissement sera Félix Guillou.

26. La chapelle Notre Dame de la Salette à Boiseau
Le village de Boiseau, à la population majoritairement ouvrière, était moins pratiquant que les autres villages. L’abbé Rucher, curé de la paroisse, s’était penché sur les raisons de cette défection envers la religion. Il considéra que l’éloignement du village de Boiseau et le manque de moyen de locomotion pour aller à l’église assister à la messe en était la cause. Une idée germe alors dans son esprit : et si on construisait une chapelle dans le village ! Une autre raison de cette décision fut la destruction en 1949 du calvaire du Dîne Chien.
Très vite, il informe l’évêché de son projet. Sa volonté et son argumentation sont si fortes qu’il obtient l’accord nécessaire pour construire un édifice religieux et y pratiquer la messe. Pour réaliser son objectif, il sollicite alors les paroissiens et lance une souscription auprès des fidèles de sa paroisse et de ses amis. Le terrain pour la construction est offert par la famille Buaud. En 1946, ayant réuni les fonds nécessaires, il élabore les plans du futur édifice. Les travaux peuvent alors démarrer et c’est ainsi que l’on vit l’abbé, quittant sa soutane pour une cotte de bleue, truelle à la main, monter les parpaings avec l’aide de Pierre Bodineau fils (jeune entrepreneur de maçonnerie à Boiseau). C’est ce dernier qui réalisa la chape en béton. Pour l’abbé Rucher ce travail n’était pas nouveau, car c’était son premier métier. Il avait d’ailleurs construit la maison de sa mère à Sainte Thérèse à Nantes alors qu’il était vicaire à Touvois. Le plancher du Chœur, entourant l’autel est l’œuvre des menuisiers bénévoles de Boiseau. En 1947, la construction est enfin réalisée.
Pour la toiture et l’édification de la charpente, une commande est passée avec les Constructions Métalliques de Paimboeuf. Les tableaux du chemin de croix furent offerts par une jeune artiste, madame, Marie-Thérèse Roucoux née Bouthillon. ([5])
Monsieur et Madame Buaud, donateurs du terrain, se présentèrent pour assurer le gardiennage et le service d’entretien de la chapelle.
Le jour de la bénédiction eu lieu le 10 avril 1949, le dimanche des Rameaux, en après-midi. Pour donner plus de solennité à sa chapelle et à la cérémonie, l’abbé Rucher eu l’idée d’affecter dans ce nouveau lieu consacré, le christ de la Clotais, mutilé en 1920 et qui se trouvait abandonné dans le jardin de la cure. Le jour de la bénédiction, une procession fut organisée à partir du calvaire de la Clotais. Le christ ayant été réparé fut fixé sur une croix de bois. Celle-ci fut, portée par les hommes, suivie par la foule chantant et priant jusqu’à la nouvelle chapelle. Elle fut fixée à la place centrale, au-dessus de l’autel. La bénédiction fut célébrée par le vicaire général Guiho qui prit la parole pour encourager les fidèles à être de fervents chrétiens. Ensuite, l’abbé Rucher, tout à la joie de l’œuvre accomplie, remercia le vicaire général, et spécialement les donateurs en argent mais aussi le donateur de l’autel et les nombreux bénévoles de divers métiers qui oeuvrèrent avec entrain pour la construction. La foule qui était à l’extérieure, put entrer dans l’édifice où un salut solennel du saint sacrement clôtura la cérémonie. Puis, tous furent invités au vin d’honneur pour clôturer cette brillante journée.
Le dimanche suivant, jour de Pâques, l’abbé Rucher célébra la première messe dans sa chapelle, trop petite pour contenir tous les fidèles. C’était une belle récompense pour lui et ceux qui l’avaient aidé. Tous les dimanches suivants, la chapelle était remplie de paroissiens. Certains venaient de la Briandière. L’assistance était captivée par les homélies de qualité exposées chaque fois.
En 1951, l’abbé Rucher récupéra la croix en fer forgé avec la statue de la vierge de la Salette dans la chapelle Notre Dame en démolition à Nantes. Il décida de la placer dans un campanile au-dessus de sa chapelle de Boiseau. Pour la construction du petit clocher, fait de gros poteaux en ciment armé, il fit appel à la société l’A S P I du Pellerin. Lorsque l’ouvrage fut terminé, sa bénédiction eut lieu le 3 mai 1952, en soirée, après une procession dans le village suivie d’une messe faite en plein air sur la place du maréchal Leclerc. Le vicaire général Pihour, présida la cérémonie devant une foule très nombreuse.
En 1970, l’abbé Rucher fit ses adieux à la paroisse pour prendre une retraite bien méritée. Il devint l’aumônier dans la communauté des sœurs des agneaux du christ, à Sainte Jeanne d’Arc à Nantes. Il fut beaucoup regretté et les paroissiens en garde un très bon souvenir encore aujourd’hui.
En 1976, l’abbé Siloray, nouveau curé de la paroisse, n’ayant plus de vicaire, abandonna les cérémonies religieuses à la chapelle et celle-ci fut fermée au culte. Beaucoup regrettèrent cette décision qui avait été à l’origine du retour au culte de certaines familles.
Sous le sacerdoce du curé suivant, l’abbé Rosset, la chapelle fut l’objet de vandalisme et l’on constata le vol de la statue de Notre Dame de la Salette. En 1983, le transfert de l’autel à l’église de Saint-Jean fut réalisé avec le concours de bonnes volontés. Cet autel avait été offert par un ami de l’abbé Rucher qui tenait un magasin d’articles funéraires à Nantes. René Gendronneau, nous signale que les affaires peu prospères de ce commerçant reprirent à la suite de cette donation…
En 1994, l’abbé Joseph Fleury pensa au christ resté dans le bâtiment désaffecté pour le remettre à l’honneur. Le dimanche des Rameaux, avant la messe, une courte cérémonie de rappel marqua l’événement. Le Crucifix fut alors fixé là où autrefois se trouvait la chaire de l’église. Il y est toujours depuis. Quant à la chapelle, elle est utilisée pour stocker du matériel de la paroisse…pour combien de temps encore ?

- Les niches

Elles sont relativement nombreuses dans la commune. Situées en hauteur sur la façade des maisons, elles abritaient une statue de la vierge. Cette mode remonte aux maisons construites ou modifiées durant le XIXème siècle. Après les tristes évènements de guerre civile, dite Guerres de Vendée, la signature du concordat engendra un élan de ferveur religieuse dans les paroisses. La statuette de la vierge dans la niche était censée protéger du malheur les habitants de la maison. Cela nous rappelle un peu les autels romains dans les habitations avec les petites icones des dieux que l’on invoquait pour les mêmes raisons. Aujourd’hui très peu d’habitations ont encore une statuette dans la niche.

- Autres éléments

Au cimetière

27. Tombe De Martel-de Kercabus :
Bien qu'agrandi d'une aile neuve, le château du Pé se vidait peu à peu de ses occupants résidentiels. Sophie de Martel habitait dans le superbe château de Granville. Seuls restaient la vieille madame De Kercabus avec sa fille, la mère de Sophie, et son gendre Anonyme De Martel. Les deux femmes décèderont à plus de 85 ans ce qui est déjà rare pour l'époque, mais le comte fera mieux encore puisqu'il s'éteindra en 1879 à l’âge de 102 ans. Ce seront les derniers propriétaires à résider au château du Pé. Leurs tombes sont toujours visibles dans le cimetière. Elles sont entourées de grilles en fer forgé portant le blason des De Martel.

28. Tombe de Laville Leroux :
En 1833, madame de Laville Leroux devient veuve, mais elle n'est pas seule, car une importante domesticité est à son service. On y compte quatre ménages et 26 employés allant du régisseur aux domestiques, jardiniers et fermiers.
La maison devait être bonne, comme on disait alors, car certaines servantes y restèrent leur vie entière. Elles reposent aujourd'hui dans le cimetière de la commune, dans le caveau de famille des de Laville Leroux. Trois plaques de fonte, en partie oxydées, sont apposées sur le mur du cimetière près du tombeau et nous rappellent leur mémoire.
"Ici repose Anne Grenon décédée à la Cruaudière le 5 mars 1862 à l'âge de 59 ans. Cette pieuse fille, après avoir fidèlement servi ses maîtres pendant 42 ans attend près d'eux la résurrection bienheureuse."
"Ici repose Marguerite Porcher, décédée le 26 juillet 1876 dans sa 62 ème année à la Cruaudière où elle était entrée à l'âge de 8 ans. Donnez au seigneur la récompense promise au serviteur fidèle".
"Ici repose Jeanne Porcher décédée le 10 avril 1892 à l’âge de 71 ans, à la Cruaudière où cette pieuse fille a passé une grande partie de sa vie."

29. Tombe Jean Brochard : 1892-1972
Elle est toute simple, la tombe du célèbre comédien et acteur de cinéma qui repose en ce lieu avec son épouse ancienne danseuse de cabaret parisien. C’est pourtant cet homme qui fit le mieux connaître notre commune. Ses amis du monde du spectacle, De Funès, Jean Marais etc…l’avait surnommé Mon Cher Saint-Jean, tant il leur parlait avec amour de ce havre de paix où il venait se ressourcer entre deux spectacles. Sans enfants et héritiers directs, si vous passez au cimetière ne laissez pas sa tombe à l’abandon.

30. Tombe d’Edmond Bertreux : 1911-1991
Le peintre nantais, avait ses origines familiales à Boiseau. C’est là qu’il fit ses premières toiles en venant chez sa grand-mère. Par la suite il a réalisé de nombreux tableaux sur la commune. Il a souhaité reposer après son décès dans cette paroisse qu’il aimait tant. C’était un ami de Pierre Fréor.

- Les puits

31. Du Surchaud :
Situation carte : cadastre 2005 : section G, feuille 2.
Situé au carrefour de la rue du Surchaud et celle des Celliers.
Date de construction : inconnue.
Puits en gneiss avec niche calcaire pour mettre une statuette. Il est surmonté d’une croix métallique moulée.

32. De la Noë :
Situation carte : cadastre 2005 : section E, feuille 6.
Situé place du puits.
Date de construction : inconnue
Puits en pierre Gneiss surmonté d’une croix métallique moulée.
Historique : Puits christianisé avec une croix métallique moulée du XIXme probablement une réutilisation d’une tombe peut-être lors du transfert du cimetière. Non recensé sur le cadastre. Il s’agit d’un ancien puits communal.

33. La Fontaine de la Télindière :
Au village de la Télindière, à l'intersection des rues de la Fontaine, Abbé Henri Garnier, de la Loire et du Bac, se trouvait une petite une fontaine communale. Elle était surmontée d’une croix métallique. Celle-ci avait été offerte au début du siècle par la famille Fleurance, boulanger de l'époque, en remplacement de la première qui s'était détériorée. Ce puits couvert, à peine plus profond que la hauteur d'un homme ne tarissait jamais. L'eau s'écoulait en permanence toute l'année par le trop plein qui se déversait dans le lavoir situé à l'emplacement de l'actuelle placette des Acacias. Celui-ci avait une margelle de pierres sur trois de ses côtés, tandis que le quatrième, en bordure du chemin d'accès au Chantier Barreau-Miné, en pente, permettait aux animaux de s'y abreuver. Dès que le lavoir fut comblé, la rue Abbé Henri Garnier, ne permettant que le passage d'une charrette de foin, fût élargie, nécessitant le déplacement vers le Nord du mur de pierre qui la bordait.
Le coteau situé entre la rue de la Loire et le Moulin Hardy était ainsi nommé "Les Vignes de la Fontaine". En 1967, un camion livrant de la farine avait heurté la fontaine, quelques réparations auraient suffi pour la remettre en état. Mais hélas le conseil municipal de l'époque en avait décidé autrement et suite à une délibération du 26 mai 1967 l'entreprise Dugast de la Montagne rasa l'édifice. Sa croix fut placée sur une stèle en bordure du Chemin de la Fontaine.

Conclusion

Comme on le voit la commune possède encore un riche patrimoine religieux bâti ! Au cours des siècles un certain nombre d’entre eux ont disparus, mais depuis quelques années ces destructions se sont accélérées pour faire place à la voirie notamment. Soyons vigilant pour préserver ce que les anciens ont bien voulu nous laisser. Ce document n’est peut-être pas exhaustif, aussi toutes les informations complémentaires seront-elles les bienvenues.

Sources :

Archives diocésaines de Nantes.
Archives départementales.
Registre du conseil de Fabrique de 1803 à 1906.
Archives communales de Saint Jean de Boiseau.
Cadastre de 1836 de Saint Jean de La Montagne.
Carte de Cassini.
Documents inédits de Pierre Fréor.
Histoire de la Montagne de Pierre Fréor
Documents de René Gendronneau, André Peneau, Pierre Bouthillon, Alain Ordrenneau, Thérèse et Joseph Herfray, Paul Gautret, C.Moreau.
Document sur le peintre hollandais Schellinks de Véronique Mathot.
Le voyage de Jean II à Lyon, par Arthur de la Borderie, bulletin de la société archéologique d’Ille et Vilaine.
Historique du château d’Aux par F.Guillou.
XIV siècle d’Histoire en bord de Loire : Société d’Histoire de Saint Jean de Boiseau.
Bulletins de la Société d’Histoire de Saint Jean de Boiseau.
Notes inédites de Pierre Gauthier.
Bulletin municipal numéro 27 de juin 1984.
Archives personnelles.

Jean Luc RICORDEAU




[1] Nom donné par les habitants du voisinage, parce que le premier garage Brounais avait sa toiture mal couverte et le personnel avait l’impression de travailler à « La belle étoile ».
2] SAKA veut dire tombeau de la reine qui fonda ce village.
[3] P. Fréor mémoires inédites.
[4] Archives du diocèse de Nantes du 3 juillet 1840
[5] Elle récupéra son œuvre à l’occasion du déménagement qui suivi la fermeture de la chapelle.

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