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Jean Ardois raconte : une vie à la ferme


Jean Ardois dans sa ferme au Pé
Jean Ardois a travaillé très jeune dans la ferme du Pé avant de l’habiter. Elle était
autrefois tenue par la famille Alain. Jean a pris le bail en 1954 et depuis beaucoup de choses ont changé. Il m’a raconté ses souvenirs de jeunesse et ses rapports avec cette terre qui lui appartenait un peu. C’était toute sa vie. Coiffé de son béret, dans son bleu à bretelles, ses bottes et souvent son bâton pour mener ses vaches, à la main, il a répondu avec précision aux questions que je lui soumettais. Son implication dans les défilés, sur son cheval, lors de la fête de Jeanne d’Arc au Pé notamment grâce à sa mémoire, une partie de ce qui a changé a pu être restituée par les croquis et les dessins que j’ai réalisés suivant ses indications. Au 17ème siècle, il y avait de grandes surfaces de terres occupées par la vigne à Saint-Jean. Bien exposées sur le coteau, elles donnaient un vin verdâtre en grande partie vendu aux marchands hollandais pour en faire de l’eau de vie. Un commerce fructueux car vendu sur pied un an à l’avance. Presque toutes les vignes du bourg et de la Télindière appartenaient au seigneur du Pé, Jean puis René et après la révolution, Anonyme de Martel. Pour travailler sa vigne, taille, dépatage et vendanges, De Martel faisait venir des journaliers vendéens qui allaient se louer de régions en régions pour au gré des saisons gagner leur subsistance. Ces hommes du bocage étaient très pauvres et les maigres lopins de marais ne suffisaient pas pour faire vivre tous les enfants. L’aîné prenait la succession et les suivants se faisaient journaliers. Peu à peu certains ont pu se sédentariser comme métayers et faire venir leur famille. Trois frères Ardois louèrent chacun une ferme à leur employeur. Il y avait du travail pour ceux qui étaient courageux et un meilleur avenir que dans le marais. C’est ainsi que les ancêtres de M Ardois ont fait « souche » à Saint-Jean. Lors de l’épidémie du phylloxéra, toutes les vignes de France furent détruites par un insecte qui s’attaquait aux racines. Cette maladie fut introduite en France vers 1865 par des plants américains. Le domaine le plus cultivé de Saint-Jean ne s’en remit pas et seuls quelques petits propriétaires replantèrent de la vigne. Tous les pauvres métayers dépendants du Pé n’avaient plus qu’à repartir. Une grande partie de ces familles vivaient à la Noë. Heureusement, De Martel leur vint en aide en leur donnant un lopin de l’ancien vignoble ce qui leur permit de rester dans la commune. Jean Ardois se souvient que son père avait vu dans les champs de la Noë, en face de la Clotais, des essais de labourage en sillons pour la vigne à l’aide d’un locotracteur à vapeur placé à l’extrémité du champ en bordure de la route et relié par un gros câble à des pieux situés à l’autre extrémité. La rotation du locotracteur faisait avancer la charrue le long du câble pour défoncer le sol. Cette technique sera vite abandonnée avec l’arrivée sur le marché des premiers tracteurs plus faciles d’emploi et plus performants.
Depuis longtemps les Hollandais ne viennent plus acheter le vin du pays de Retz. Les cépages ont changé, le vin rouge a remplacé en grande partie la « vigne blanche ». Peu à peu cette profession disparaît de notre secteur.

Le port du Pé
Autrefois le port du Pé se trouvait au bord de la rivière en dessous de la ferme. Depuis la construction de la digue d’Indret, cette partie du bras sud s’est peu à peu asséchée. Le canal de remplacement passe à 150 mètres et un étier a été creusé pour permettre aux bateaux de venir jusqu’au port. Les îles environnantes étaient plantées de 12 hectares d’osier. Il était coupé l’hiver encore vert et mis en tas sur les cales du port. Des botteleurs d’Ancenis et du Cellier venaient alors le chercher avec des chalands. Après en avoir fait des bottes d’environ 80 kg, ils les chargeaient sur leur dos pour les transporter par le chemin de halage du port du Pé jusqu’aux bateaux. L’osier était ensuite utilisé par les vanniers de ces communes. Sur le mur bordant la rivière au pied du château, on voyait encore dans les années 1950, les anneaux pour attacher les bateaux. Le transport était encore important sur la rivière, foin, vin, courtines, mais aussi les briques de la Sicaudais, la chaux de Montjean, et bien d’autres matériaux de construction. Pendant longtemps la Loire fut presque le seul moyen de transport et de communication, le réseau routier est pratiquement inexistant avant le milieu du XIXème siècle dans notre commune. En bordure de la cale, il y avait trois grands entrepôts, un pour stocker les barriques de vin et deux pour les pressoirs, un à long-fût et l’autre avec une vis en bois et une cage circulaire. On y mettait aussi les courtines. Les bâtiments ont été démolis dans les années 1950 par Pierre Bodineau à la demande de Jean Ardois. Ce fut un travail très pénible car les maies des pressoirs étaient très dures à briser.

Les dépendances du château
Le lavoir du château se trouvait à l’angle du bâtiment face à la ferme, entre les serres et le mur du verger. C’était un bassin circulaire maçonné d’environ 4 à 5 m de diamètre alimenté par les eaux pluviales. Mme Odette Ardois s’en souvient avant que son fils ne le recouvre pour aménager les hangars de ses machines agricoles.
Dans les bâtiments situés face à la ferme se trouvait le logement du cocher, palefrenier. Une cuisine avec une cheminée, à côté la sellerie et à l’étage deux chambres. Des WC doubles se trouvaient à l’extérieur. A côté de cette partie habitable se trouvaient les box pour les chevaux avec au fond leur mangeoire. Au-dessus, il y avait la réserve de fourrage. Une particularité qui subsiste toujours, ce sont les rouleaux en bois pour frotter les flancs des chevaux lorsqu’ils entraient ou sortaient des box. Le reste du bâtiment abritait le matériel agricole.

La ferme et la Buanderie
La buanderie du château se trouvait dans la partie centrale de la ferme, à côté de la cuisine. Cette dernière avait une grande cheminée avec son four à pain. Cette pièce a conservé la même fonction mais la cheminée a disparu. Seuls les deux montants supérieurs en granite sont toujours visibles. La buanderie a été transformée pour faire une chambre. Le massif maçonné supportant la cuve en cuivre nécessita des heures de pénible labeur pour le démolir tant il était solide.

Le Moulin
A l’entrée du chemin des bœufs, il y avait les ruines du moulin du Pé. Le fût faisait un peu plus d’un mètre et était recouvert de roux dans les années 1930. Il servait à ranger les outils. Odette Ardois se souvient de ce cône en pierre lorsqu’elle allait chercher son lait à la ferme. Elle ignorait que de nombreuses années plus tard elle occuperait ce lieu. La maison du meunier était encore habitée, mais a subi de profondes transformations. Le moulin n’est plus visible et les membres de la société ont entrepris de dégager ce qu’il en reste pour compléter l’étude dont il est l’objet. Puis il disparaîtra sous les cultures.

Les derniers propriétaires du château
Dans les années 1940, M. Du Réau de la Gaignonnière, fils de la propriétaire, habitait un autre château en Mayenne. Il avait confié l’entretien du Pé à un régisseur…M.H. Ce personnage ne fut pas très honnête et participa au délabrement de la propriété. De nombreux meubles furent cédés ou échangés à l’insu du propriétaire. Certains habitants de Saint-Jean en possèdent chez eux. Il m’a été rapporté l’anecdote suivante : « Un jour qu’il était dans la région, M. Du Réau, se rendit à la salle des ventes de Nantes et quelle ne fut pas sa surprise de trouver un de ses fauteuils mis aux enchères ». Il fit aussi faire de nombreuses coupes de bois à son profit pendant la dernière guerre car on manquait de tout. Dans le premier salon, il y avait un magnifique bassin circulaire en marbre, surmonté d’une réserve d’eau toute en cuivre. Il servait pour se laver les mains lorsque les occupants et le personnel du château venaient de l’extérieur, jardin où autre tâche. Tout cela a disparu. Dans les caves, les Allemands, qui occupèrent le château pendant la dernière guerre, firent murer le départ de ce que les gens appelaient le souterrain (en fait l’accès aux caves du château féodal situées sous la terrasse sud). M. Zacharie Du Réau fils de Mme De Monti n’était pas marié. C’était un homme simple et sympathique. Lorsqu’il venait au château il partageait volontiers la table avec les gens de la ferme. Il allait souvent à Lourdes et chaque fois il envoyait une carte postale de ce lieu célèbre en précisant qu’il avait prié la vierge pour eux. Jean garde un très bon souvenir de cet homme. Sa mère a loué le château à l’évêché pour servir de colonie de vacances et d’école lors des travaux pour la construction de l’école Saint-Marc. Pour payer les droits de succession, après le décès de sa mère, M. Zacharie Du Réau vendit le château pour une somme dérisoire à un lointain cousin, M. Berset De Vaufleury. Les premières années, le nouveau propriétaire effectua les travaux les plus urgents, mais ses moyens financiers étaient limités. Pour faire face aux charges, il vendit sur pieds de nombreux arbres du parc à Gabriel Parois le menuisier de Saint-Jean. Certains chênes ont le cœur noir et leur prix de vente n’est pas très élevé car la mode des années 70-80 est plutôt au bois de couleur clair. Les revenus sont utilisés pour refaire des peintures ou des cheminées, mais l’ensemble se dégrade. M. De Vaufleury sera contraint de vendre à la municipalité, en 1997, ce bien qui lui aura finalement créé beaucoup de soucis et coûté beaucoup d’argent. M. Du Réau a gardé la partie rentable de la propriété, la ferme, baillée à Jean Ardois. Il a aussi vendu à son profit le terrain pour la construction de la résidence du Pé. Il est mort sans descendant direct. Des cousins Dorfeille venaient souvent le voir l’été au Pé. C’est Marie Thérèse Du Réau, mariée à Bertrand De Mauduit qui hérita de la ferme. C’est ce dernier qui gère ce patrimoine.
Au début des années 1960, Mme Gouy, mariée à M. Longépé de Challand, amie d’enfance de la comtesse De Monti, est hébergée avec sa famille dans l’aile du château, où vient d’emménager la nouvelle gérante. Cette famille y resta jusqu’en 1974. L’une des filles, Paulette, était la bonne de l’abbé Guihéneuf, une autre Yvette est religieuse en Sologne et la troisième, l’aînée, Anne-Marie est décédée.

Une reconversion
La vigne, est devenue de moins en moins rentable, car non labellisée. Les trois frères Ardois, Jean, Marcel et René, se reconvertissent dans l’élevage. Les meilleurs pâturages se trouvent sur les atterrissements en bas du château. Dans les années 1955, ils possèdent une trentaine de vaches de race hollandaise et assurent la traite à tour de rôle, un week-end sur trois. Au mois d’août, 1955, la société Diabolo se propose de venir faire une démonstration de traite semi-automatique à la ferme du Pé en présence d’élus de Saint-Jean : le maire Hippolyte Gauthier, M. Albert Boucher, président de la chambre d’agriculture, M. Médard-Lebot, secrétaire de la fédération départementale des producteurs de lait, M. Boucher Bernard, conseiller laitier départemental, ainsi que quelques herbagers de la commune. Ce nouveau procédé de traite, issu de Suède est produit sous licence à Nevers. M. Bord, directeur de l’usine Diabolo, offre également un banquet à toutes les personnes présentes au café de la Paix, à la Montagne.
Au bout de quinze jours, les résultats sont positifs et les éleveurs des communes environnantes viennent découvrir au Pé cet engin moderne qui libère l’exploitant d’une tâche ingrate. L’article de presse élogieux pour la maison Diabolo ne sera pas transformé en commande. Jean Ardois m’a avoué n’avoir utilisé ce chariot de traite que peu de temps car ce n’était pas totalement au point. La publicité sur panneau métallique existait encore en 1984 dans l’étable du Pé.
Aujourd’hui, son fils Yannick a pris la relève et son petit-fils travaille aussi sur l’exploitation. Le cheptel est passé à 400 têtes et les anciennes étables ont fait place à des infrastructures modernes.
Le 29 mai 1990 une classe de CE2 de l’école Saint-Marcel de Paris 13ème est venue visiter la ferme de Yannick. En retour, pour le remercier de son accueil, il a reçu une carte signée par tous les élèves.
Je remercie Jean, à titre posthume, ainsi que Yannick et sa mère Odette qui m’ont apporté leur aide pour finaliser certains détails et m’ont procuré quelques photos.

1 Notes recueillies auprès de M. Jean Ardois en 1984

Jean-Luc Ricordeau


Évocation de la vie de Jean 
Jean et son épouse Odette ont un demi-siècle de vie commune au Pé. Ils exploitent ces terres depuis 1954. Jean était un homme joyeux. "Et il faut faire comme si j'étais encore là" avait-il dit. Une voisine apprenant son décès a dit "Qu'est-ce qu'on a pu rire avec ce gars-là ". Il aimait les rencontres, les échanges, et parler de l'actualité.
Une vie simple sur le domaine du Pé, sur les terres hautes ou dans les marais de Loire, avec les bêtes qu'il aimait passionnément : il les a soignées toute sa vie.
On ne pouvait pas le déplanter de là- bas. C'était impossible … pas plus d'une demi- journée. Si, une fois, il a fait avec son épouse un pèlerinage à Lourdes … c'était une promesse des 50 ans de mariage.
Une vie simple… une vie droite aussi, sans détour, sans aucun ressentiment… accueillir tout le monde de la même manière… oublier les discordes... Il y avait toujours moyen de trouver un compromis.
Il se tenait informé..., lisait beaucoup… Il voulait "être dans le coup, être au courant des évolutions du métier ". Il a toujours travaillé dur, comme tout le monde quand on vit de la terre. Mais une conscience du but à atteindre "on a un métier pour nourrir le monde disait-il ". Alors voir à la télé la faim qui gagne dans le monde… les fermiers expulsés de leurs terres… c'était difficile à supporter.
La chasse… il l'a faite mais pas comme un passionné. C'était surtout pour retrouver les copains, pour l'amitié et la camaraderie, pour garder les contacts.
Les conscrits, c'était très important : il est toujours resté en relation.
Avant de partir, il est allé rendre visite à tous les copains.
Se plaindre … jamais. Quand on se faisait même très mal nous les enfants ou petits-enfants… ce n’était toujours rien. Ça allait se remettre tout seul.
Il aimait bien les jeunes, se mettait à la portée des enfants pour expliquer les choses de la terre et de l’élevage. Il a gardé un caractère jeune avec ses 10 petits-enfants et 14 arrières-petits-enfants.
La famille… c'est précieux. Les fêtes de famille… un bonheur de retrouver tout le monde pour blaguer et rire.
Et toujours des nouveautés à dire, des nouvelles histoires à raconter.
Jean a cessé la chasse pour assister régulièrement à la messe. Il se trouvait bien ici dans le fond de l’église et partir avant la fin pour ne pas gêner : la voiture étant garée tout près. Et puis, quand les déplacements ne furent plus possibles, ils écoutaient la messe à la télé.
Avec Jean, c'est une page de l'histoire de St Jean qui se tourne. Une histoire, accrochée à la terre qui aurait mérité d'être racontée.
Comme beaucoup, j’aimais bien rencontrer Jean.
Tu aurais voulu que l'on soit plus bref aujourd'hui ? Mais c’est difficile tant il y a de choses à dire.
Je suis sûr cependant que tu nous comprends, parce que nous avons respecté la vie humble et simple que tu avais choisi de vivre.


Moïse Landreau

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