monument aux morts actuel |
Depuis la création de l’église, il a été de tradition de se faire enterrer dans la périphérie de l’édifice. Seuls les nobles de la paroisse et parfois le clergé, se sont fait inhumer dans le chœur du bâtiment. Exemple : le 22 octobre 1692, a été inhumée dans le cœur de l’église de Saint-Jean-de-Bouguenay, le corps de Dame Louise Baril de Laville, vivante compagne de Jan de Martel, seigneur de la Cléraye du Pé, en présence d’Escuyer Damien Martel et de plusieurs autres qui ne savent signer.
Pour les autres on creuse simplement la terre et on place une croix de bois. Mais au fil du temps, malgré les réutilisations de sépultures, et surtout depuis le projet d’agrandissement de la nef en 1834, le cimetière s’avère trop petit. De plus, régulièrement l’été, les habitants se plaignent de l’odeur dégagée par les corps en décomposition. On a même des plaintes parce que les chiens errants viennent fouiller les tombes et emportent des os.
En décembre 1832, le trésorier de la Fabrique, Le comte Gustave De Martel, en place depuis un an, décide de remplacer la croix du cimetière par une neuve, car celle qui est en place menace de tomber sur les passants.
Dès 1834, la municipalité réfléchit à l’acquisition d’un terrain. C’est chose faite en 1836 avec l’achat d’une parcelle de terrain à M Cibot.
Cela devient urgent et de nouvelles réclamations sont envoyées à la mairie.
Le 27 décembre 1836, une partie du cimetière ayant disparu par suite de l’agrandissement de l’église, il ne reste que la partie au nord de l’église, celui-ci est devenu trop petit et l’été par fortes chaleurs, une odeur malsaine se dégage. Il faut envisager un nouveau.
En 1837 une autre plainte est déposée : Car dimanche dernier j’ai remarqué diverses tombes environnantes et même à l’entrée de la porte de l’église, dans laquelle reposent les corps de nos parents et amis étaient foulées au pied par le public.
En 1838, l’ancien terrain acheté pour le cimetière étant trop grand, il est evendu et un autre est acheté à M Simon Mocquard pour 1600f.
Le 10 novembre 1839, il est décidé de clore le nouveau cimetière. Les frais sont couverts par la vente de l’ancien terrain acheté à M Cibot.
Le 9 juillet 1843, la comtesse de Martel demande une concession de 12 m3 pour être clos de grilles et d’ouvrir une porte dans l’enclos du cimetière donnant dans cette concession, au bout du parc de son château. Parcelle où elle a déjà fait enterrer dans un tombeau M le comte Gustave de Martel et son fils.
Quinze années plus tard, ce second cimetière étant devenu trop étroit par l'accroissement de la population, la commune l'a agrandi à ses frais. Cette nouvelle partie a été bénite le 4 septembre 1859. M DURAND vicaire de Saint-Similien, a prêché, à cette occasion, au milieu du cimetière, sur la dévotion aux âmes du purgatoire et sur le respect dû au séjour des morts. La bénédiction a été donnée par le curé Noël. On procède alors au transfert des corps lors d’une cérémonie solennelle.
Le jour de la fête de Saint Clair 1861, une belle cérémonie a eu lieu dans le cimetière. On transporte les ossements des défunts de la paroisse qui se trouvaient dans la partie Est et Nord-Est de l'ancien cimetière de l'Eglise. M Mocquard (le maire), Mr Fradet président du conseil de fabrique ; MM J.B. Bertreux et Sébastien Bertreux adjoints, portaient les cordons de la bière elle-même. Toute la paroisse était réunie.
Un an après, MM Leroux et Pilard, anciens curés, ont été transposés au pied de la croix du cimetière neuf. En 1863 on leur a fait élever, à chacun un tombeau.
En 1882, on envisage de changer le cimetière d’emplacement, il est encore trop petit. On a le choix entre 5 terrains proposés :
Le 1er au Landas à 120 m du bourg et 80 avant le village.
Le 2ème au Fort Giron à 100 m du Landas près de l’autre projet ci-dessus.
Le 3ème à la Jaunais à 100 m du bourg et 200 m de l’église.
Le 4ème près de la chapelle de Bethléem à 500 m de l’église en bordure du chemin.
Le 5ème agrandir celui qui existe.
Très rapidement, ceux du Landas, du Fort Giron (emplacement de l’actuelle médiathèque) et de la Jaunais sont abandonnés après les rapports d’analyse des sols. La terre glaiseuse n’est pas favorable à la décomposition des cadavres.
Enfin, celui près de la Chapelle de Bethléem, à l’emplacement du parking actuel, est dans une zone inondable.
Il ne reste plus qu’à agrandir celui qui existe. Ce n'était que le prélude à la dernière translation des corps encore présent autour de l’église.
Lors de l’inauguration du calvaire du cimetière en 1892, dans la pierre formant le soubassement a été déposé une boite en plomb contenant la liste sur parchemin de tous ceux qui par leurs dons permirent de le réaliser, plus 3,63 f formé de diverses pièces de l’année 1892. Le calvaire en granit bleu est de l’architecte M Lafond son prix est de 1000f.
ancien monument aux morts dans le cimetière |
La surface ainsi libérée devient la Place de la Liberté. C’est aussi le lieu retenu pour les battages dans le bourg comme le spécifie l’arrêté municipal de 1859 :
Les habitants du bourg sont autorisés à battre les grains provenant de leur récolte sur la place publique du bourg sans gêner la voie publique. Ils sont autorisés à mettre les barrages nécessaires pour protéger leurs récoltes et nul ne pourra les troubler dans leurs travaux. Ils ne pourront se servir de machine à battre, en conséquence ils devront faire usage de leur fléau comme cela à toujours eu lieu jusqu’à ce jour.
Malgré une nouvelle extension dans les années 1970, le cimetière actuel ne répond plus au besoin de la population. La nouvelle municipalité dirigée par Pascal Pras a donc lancé une étude pour un nouveau cimetière qui n’a pas été retenu en raison de la nature du sol… Le passé peut quelquefois servir d’exemple. A ce projet venait s’accoler un crématorium. Infrastructure indispensable dans le sud de l’agglomération nantaise.
Un nouveau projet a cette fois été validé en 2016 par les diverses commissions d’état. Il comporte un cimetière paysager et un crématorium situé à proximité de l’échangeur de la 4 voies en direction de Vue. Il n’est désormais plus nécessaire, pour les incinérations, d’aller à Nantes ou plus loin encore et d’attendre plusieurs longues journées parfois pénibles pour les familles du défunt.
Jean-Luc Ricordeau