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Le tableau de Saint-Jean-Baptiste

Tableau de Marcel Denaud
(collection J.P. Parois)

 



Le tableau qui se trouve dans le fond du chœur de l’église est une œuvre récente de 1956.
Avant 1807, il n’y avait probablement pas de tableau à cet emplacement. Derrière le retable on voyait le mur qui obturait l’ancien grand vitrail. Pour l’abbé Pilard, arrivé comme curé de la paroisse le 1er mai 1807, cela manquait de prestige, aussi, sur ses propres deniers, il fit l’acquisition d’une copie du tableau qui se trouvait dans l’une des chapelles collatérales nord de la cathédrale de Nantes. La toile représente Saint-Jean-Baptiste en berger, montrant du doigt le paradis avec plusieurs angelots.
L’original est l'œuvre de François Lemoyne (1688-1737), peintre de renom, grand prix de Rome en 1711, membre de l'Académie Royale de peinture et de sculpture. Louis XV lui confia en 1732 la décoration du salon d'Hercule à Versailles. Peu de temps après, il fut officiellement nommé premier peintre du roi Louis XV. Quelques-unes de ses œuvres sont actuellement conservées à la cathédrale de Sens, à l'église de Saint-Eustache de Paris ainsi qu'au musée du Louvre.
Le tableau acheté par l’abbé Yves-Jean-Louis Pilard a probablement été réalisé par des élèves du maître comme cela se pratiquait fréquemment. Celui qui se trouvait à Saint-Jean-de-Boiseau était dépourvu de la partie haute avec les angelots. C’est peut-être pour cela que sur la voûte du chœur se trouvait une peinture à l’huile sur toile qui représentait des angelots en cercle autour d’un nuage.
Lors de la réfection de l’intérieur de l’église dans les années 1920, il fallut un litre d’eau-de-vie pour nettoyer la suie des cierges qui l’obscurcissait. A cette occasion l’on constata que les dorures étaient faites à l’or fin et qu’il suffisait de les nettoyer avec un chiffon pour redonner leur éclat. (Témoignage de Félix Lebreton).
En 1965, lors du concile Vatican II, les 2500 évêques réunis à Rome décident de s’ouvrir au monde moderne en abolissant le décorum qui existe dans les églises et dans la pratique religieuse. Ces recommandations du Haut Clergé sont aussitôt mises en pratique à Saint-Jean-de-Boiseau par le curé Rucher. Outre la Sainte-Table, les confessionnaux et la chaire, il considère que le tableau restauré 40 ans plus avant est trop abimé et ne présente plus aucun intérêt. Le pauvre Saint-Jean-Baptiste était devenu tout noir. Plutôt que de s’entourer de conseillers, le curé décida de le brûler. Il faut dire que le recteur avait un fort caractère et admettait difficilement la contestation. Dommage, mais à l’époque on n’attachait pas autant d’importance au patrimoine culturel.
Pour remplacer le tableau détruit, il demanda à l’un de ses paroissiens, connu pour ses talents d’artiste peintre, d’en faire un nouveau rappelant l’ancien. C’est Marcel Denaud de Boiseau, chaudronnier à Indret, qui va s’atteler à cette commande au printemps 1956. Sur une grande planche de bois aux dimensions du cadre heureusement récupéré, il va représenter Saint-Jean-Baptiste dans la même attitude, doigt levé mais au bord du Jourdain. Pour lui servir de modèle, il va faire appel à un membre de la société locale : l’Alerte. A cette époque, Thérèse Herfray participe à divers travaux pour la société en compagnie de Mme Denaud. Cette dernière lui indique, lors d’une conversation que son mari recherche un homme jeune et athlétique pour faire Saint-Jean-Baptiste et servir de modèle…de fil en aiguille… C’est Joseph, le mari de Thérèse qui servira de cobaye.
JoJo se souvient :
″ Nous étions en mars-avril et chaque fois que M Denaud avait besoin de moi pour son tableau, il me faisait venir au fond de son jardin. J’enfilais un short et un polo et je prenais la pose avec un bras droit en l’air un doigt pointé vers le ciel. Comme s’était très fatigant, il m’avait donné un grand bâton que je tenais dans la main gauche et sur lequel je pouvais m’appuyer pour me détendre. Sur le tableau je ne reconnais que mes jambes de cycliste et mon torse velu. Contrairement au portrait je n’avais pas de barbe et j’étais moins grand.
Lorsque le tableau a été fini, il y a eu une grande cérémonie à l’église, mais moi, depuis plus d’un mois j’avais quitté, à mon grand regret, Saint-Jean-de-Boiseau. J’avais été rappelé pour partir en Algérie. Une triste période et Thérèse fut très émue lors de la cérémonie.
Sur le tableau, M Denaud a commis une grosse erreur. Il montre le soleil levant sur le côté droit du Jourdain, ce qui est impossible compte tenu de la position géographique du fleuve. Mais M Denaud n’avait jamais mis les pieds en Israël ″. (Témoignage de Joseph Herfray)

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