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Passage de Notre Dame de Boulogne à Saint-Jean-de-Boiseau

L'origine :
place de la République


L’apparition de la Vierge
L’apparition de la Vierge à Boulogne-sur-Mer est rapportée dans des manuscrits de la fin du Moyen Age. Le récit est simple, avec deux variantes :
Une très belle dame arriva sur mer en bateau, dans une nacelle, sans voile, sans corde et sans aviron. Les bourgeois à qui elle était apparue lui demandèrent son nom. Elle répondit qu’elle était «l’avocate des pécheurs, la source de grâce, la fontaine de piété». Puis, la Vierge leur délivra son message : « Je veux qu’une lumière divine descende sur vous et sur votre ville... Mes amis, faites incontinent édifier en mon nom une église.» ([1])
Ou encore, vers l'an 636, au temps de Dagobert, Saint Omer était évêque de la région. Vers la tombée du jour, les paroissiens de Boulogne étaient rassemblés dans une chapelle couverte de joncs et de genêts, située dans la partie haute de la ville lorsque la Mère de Dieu apparut et dit aux fidèles de se rendre au rivage où les attendait une visite merveilleuse.
Ils coururent vers le lieu désigné, et trouvèrent une barque sans voile, sans rames et sans matelots, sur laquelle était posée une Vierge en bois, d’environ 1m de hauteur, tenant l’enfant Jésus sur son bras gauche. Tout ceci répandait une lumière extraordinaire, une impression de paix, de calme, de bonheur. ([2])
Vers 1100, la Comtesse Ide, de Boulogne, qui deviendra Ste Ide, fait construire une église romane. Les travaux durent 200 ans et un chœur gothique termine l’ensemble au début du XVIe.
Au XIIIe siècle, on dit que Boulogne était alors comme Lourdes maintenant
A partir du XIIe et XIIIe, les pèlerins affluent à Boulogne qui devient une étape sur le chemin de St Jacques de Compostelle. On s’arrête à Boulogne, en venant d’Angleterre, des Pays-Bas ou en remontant d’Espagne ou d’Italie. Il y a de nombreuses attestations de venues de pèlerins célèbres : Lanfranc, archevêque de Canterbury, St Bernard, et venant du Moyen Orient, vers 1050, l’évêque d’Antioche et celui du mont Sinaï. - puis au XIIIe siècle, Le roi Philippe Auguste, St Louis, Henri III d’Angleterre, François 1er, et de très nombreuses guérisons survenues par l’intermédiaire de Notre Dame de Boulogne.

Au temps des guerres de religion
Mais le XVIe siècel est celui des guerres de religion. A Boulogne, les Huguenots s’acharnent contre la cathédrale, brisent les vitraux, brûlent les boiseries et surtout essaient de briser la statue puis de la faire brûler, en vain. Elle est finalement jetée sur un tas de fumier puis dans un puits. La femme d’un Huguenot, très pieuse, la retire secrètement du puits et la cache dans son grenier, où elle restera plus de 30 ans avant de regagner la cathédrale. Elle est en très mauvais états, mais la reprise des miracles prouve son authenticité. En 1630, Mgr Le Bouthiller rebâtit la cathédrale.

Au temps de la Révolution française
En 1789, avec la révolution, églises et couvents sont déclarés propriétés de l’État. Le mobilier est vendu ou détruit. La statue est brûlée en 1793. La main droite, qui s’était détachée peu avant, est le seul vestige de la statue originale ainsi qu’un morceau dans un reliquaire de cuivre, sous le dôme). La cathédrale sert d’arsenal, d’entrepôt puis, vendue à des trafiquants étrangers à la ville, elle est démolie et vendue pierre par pierre.

Au temps de la seconde guerre mondiale, « Le grand retour »
En 1939, La statue est mise à l'abri à Reims, cachée dans un couvent de Trappistines lors de la débâcle, on la retrouve en 1942 au PUY en Velay où devait se tenir le congrès Martial National, d’où elle part pour sillonner la zone libre, puis la zone occupée et, le 7 septembre 1942, elle est à Lourdes. En mars 1943, l’évêque de Tarbes décide de lui faire traverser la France pour rejoindre Boulogne son lieu d’origine.
Du 28 mars 1943 à 1948, quatre reproductions de la Vierge de Boulogne, appelée aussi « Notre Dame du Grand Retour », chacune montée sur un char, parcoururent 120 000 km à travers la France, visitant 16 000 paroisses, en provoquant un élan de foi, prières et conversions sur son passage.
La statue de la Vierge portée sur un bateau s’accompagnait d’une demande de délivrance de la France qui prend tout son sens dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle revint à Boulogne, en août 1948.

Notre Dame de Boulogne à Saint Jean de Boiseau
Au milieu de l’année 1944, ont pouvait espérer que la guerre allait bientôt connaître une fin assez rapprochée. Un élan religieux à travers les secteurs du pays libéré de l’occupant, donnait un sursaut aux croyants avec le passage de Notre Dame de Boulogne qui soulevait l’enthousiasme des foules dans les paroisses visitées. Cette manifestation religieuse avait un côté très populaire, sans apparat et mieux perçu au niveau de la population, grands et petits.
Le 10 juin elle arrive à Saint Philbert de Grandlieu, puis parcoure la côte de Jade et est à Paimbœuf le 19. Elle passe la veillée à Frossay, puis traverse Vue le 20, le 21 à Rouans avant de faire une halte au Pellerin le 22.
Le passage de Notre Dame de Boulogne à Saint-Jean, se situe le 23 juin 1944. Les Allemands sont encore présents sur le pays de Retz, mais n’entravent pas la procession. La statue de la vierge placée dans sa barque installée sur un chariot. Elle est tirée, à pied, par les hommes. Le cortège, en procession, venait du Pellerin en début de matinée où la paroisse avait reçu la statue venant de Vue la veille au soir. Ce matin-là, après une messe matinale au Pellerin, la procession prenait la route vers Saint-Jean, et arrivait à la chapelle de Bethléem. Le curé de Saint-Jean, venu accueillir le char, était l’abbé Duval accompagné de son vicaire l’abbé Janneau. Les paroissiens de la commune étaient venus nombreux et attendaient impatiemment l’arrivée du groupe du Pellerin avec croix et bannière en tête, suivi du chariot de la vierge puis les jeunes gens de la J.O.C, avec les étendards, et enfin la foule. A l’arrêt de la chapelle, un prêtre accompagnateur prit la parole pour l’adieu de la paroisse du Pellerin et l’accueil de celle de Saint-Jean qui prenait la relève. Après quelques prières, le cortège se reformait en direction de l’église. Dans celui-ci on pouvait voir quelques jeunes, le chapelet en main, marcher pieds nus en signe de pénitence.
Arrivés à l’église, les hommes de Saint-Jean qui avaient tiré le chariot ainsi que les jeunes aux étendards, pénétrèrent jusqu’au chœur de l’édifice, puis la foule nombreuse emplie le lieu de culte. Un prédicateur missionnaire de l’Immaculée de Nantes, prit la parole et engagea les paroissiens à dire merci pour la visite de la vierge chez nous. Un chapelet médité avec chants intercalés se succédèrent suivi des invocations, dites ensemble, pour la fin de la guerre et pour les familles éprouvées. Les cantiques à la vierge terminèrent cette station qui dura une bonne heure. Le cortège repris la route et quitta le bourg. Le long du trajet, beaucoup de personnes mettaient de l’argent dans la barque. A l’avant de la procession, les hommes se relayaient par groupe de trois ou quatre pour tirer le char. C’était un honneur pour eux de véhiculer Notre Dame de Boulogne et personne n’aurait voulu laisser sa place, malgré l’effort à fournir sur certains chemins. En traversant le bourg, on voyait plusieurs maisons décorées comme pour la fête Dieu. Dans la foule les paroissiens priaient et chantaient avec ferveur.
Le défilé se dirigea vers Boiseau. En cours de route, à la croix Truin, les paroissiens de Brains attendaient avec leur curé car Notre Dame de Boulogne ne passait pas dans leur commune. Mais ils eurent droit à une cérémonie spéciale pour eux en arrivant à l’église de la Montagne. Les prêtres présents se trouvaient parmi la foule et entraînaient les participants dans les chants et les prières. On chante : « Vierge, notre espérance, étends sur nous ton bras. Sauve, la France, ne l’abandonne pas ». Le groupe, maintenant constitué des deux paroisses, pris la route de la Rigaudière, puis la rue de la Perche (la rue des Charreaux n’existait pas encore à cette époque). En rentrant dans le village de Boiseau, certaines maisons avaient aussi été fleuries.
A la patte d’oie des rues de la Perche et des Commerces, un oratoire était dressé contre le mur d’une maison : là, la très vieille statue de Notre Dame de la Salette était exposée au milieu des fleurs, avec la date de l’épidémie de choléras de 1853.
Pendant la traversée de la rue des Commerces beaucoup de monde du village s’était déplacé pour voir passer le cortège. Quelques jeunes gens ayant reçu des chapelets les donnaient à ceux qui acceptaient.
Le défilé arrivait maintenant au monument de Notre Dame de la Salette, place de la République, au cœur de Boiseau. Le monument avait été fleuri par des femmes du quartier. Le char fit une halte et un missionnaire de l’immaculée, le père Forget, pris place dans la barque d’où il fit un vibrant exposé pour l’obtention de la fin de la guerre et le retour à une paix véritable. Il demanda des pénitences et des prières réparatrices pour une vie plus chrétienne, pour les familles éprouvées, en deuil et pour le retour de tous ceux qui étaient encore prisonniers ou déportés.
Après les chants et les prières, ce fut l’adieu à Notre Dame de Boulogne pour la paroisse de Saint Jean de Boiseau.
Le départ pour la Montagne se fit avec le curé de cette paroisse et son vicaire. Les fidèles de la Montagne qui attendaient leur tour d’accueillir le chariot de la vierge prirent le relais en direction de l’église de leur commune.



                                                                                        René Gendronneau


















[1] source : Sbalchiero


[2] website de la cathédrale

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