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Des locataires au château d'Aux en 1841

Des locataires au château d’Aux en 1841

Léon Langlois

Vers 1841 Pierre Toussaint Viols vient de louer la propriété du château d’Aux à la Famille Baudry d’Asson du château d’Asson à la Boissière de Montaigu. Il en prend possession avec sa famille, son gendre et leurs domestiques. Ils sont accueillis par le métayer Alexis Aubinais et sa famille qui exploite la ferme du château. Alexis travaille avec ses fils Alexis, Jean et deux de ses filles Marie et Jeanne. La mère Anne Trouillard, s’occupe du foyer avec ses deux plus jeunes enfants Pierre et Marguerite la petite dernière. Dans les jardins du château on trouve Pierre Guillou qui, depuis longtemps, s’occupe des plantations, du jardin, des arbres fruitiers, des pelouses et des massifs du château.
Mais pourquoi sont-ils là dans ce château que les propriétaires n’occupent plus ? Les propriétaires sont de jeunes mariés, et le château qu’ils occupent à la Boissière est plus confortable que celui-ci.
Quant aux locataires, M Viols et son gendre M Langlois Adrien, ils sont là car ils viennent de racheter les parts des forges de Basse-Indre, que le marchand de fer parisien Poupilier et Adolphe Lebaudy, le banquier, ont mis en vente pour des raisons familiales. L’ensemble des forges avait été racheté en 1836 par les Frères Riant et leurs associés Poupilier et Lebaudy. Ces deux derniers revendent leurs parts le 16 mars 1840 à M Langlois et à son beau-père qui acquièrent les parts pour 50 000 Francs.
Les relations des deux hommes dans le milieu parisien aisé leur ont permis de trouver facilement une demeure proche de leur travail. M Langlois occupait un poste au ministère des finances. Le père d’Adrien, Payeur Général à Caen, possédait un appartement à Paris et une maison de campagne à Plaisir dans les Yvelines, où est né Adrien en 1814. Il rencontre sa future femme à Paris, elle a 19 ans. Il l’épouse le 23 mai 1839. Son grand-père Michel avait été anobli par Louis XVIII par lettres patentes du 13 janvier 1815. Il est inspecteur général du Trésor Public.
La vie s’organise à la Hibaudière. Madame Rose Alexandrine Desforges, épouse de M Viols s’occupe de sa belle-mère Marie-Anne Augé, 76 ans, qui est veuve et de sa fille Jeanne Eugénie qui a eu un enfant l’année précédente d’Adrien Langlois.
Le petit garçon Henri-Abel-Marie est dorloté par sa maman et sa grand-mère. Il est né le 6 mars 1840 dans la maison de son grand-père, au 3 bis rue Richer Paris 2éme. Son père et sa mère, jeunes mariés, ont été hébergés sous le toit du grand-père. La maman Jeanne-Eugénie est à nouveau enceinte, sa femme de chambre Clémence Deronne est présente, quand, le 13 août 1842 naît Léon-Pierre-Marie. La déclaration est faite à la mairie de Saint-Jean-de-Boiseau par le père, le grand père et M Ferdinand Riant directeur des Forges de Basse Indre avec qui il partage la direction des Forges. Ce dernier a été invité à célébrer l’évènement au château, car le baptême se passe dans la chapelle du château que M D’Aux avait rénovée après le passage de la Révolution. Cette chapelle avait été construite en 1789 et consacrée le 27 avril de cette année-là.
Un repas a été prévu à la suite du passage en mairie, préparé par la cuisinière Mme Rosalie-Félicité Albassier, 24 ans. Pour les chambres et le service on trouve Pierre Loirand, 31 ans, mari de Rosalie et sa sœur Françoise Loirand, 25 ans. Pour compléter le personnel, François Vignet, le cocher, 31 ans et Marguerite Perres, 28 ans qui est chargée de la basse-cour et des basses besognes. Tout le monde vit dans le château sauf le jardinier qui possède un petit bâtiment près de la grille du château qu’il est chargé de fermer le soir.
Le cocher transporte M Langlois qui se rend à son travail, jusqu’à Indret pour prendre le bateau à vapeur qui assure la traversée de la Loire où on vient le chercher et le soir il fait le trajet inverse. Les affaires des Forges marchent bien. En 1845 M Riant quitte Basse-Indre, il se réoriente vers une autre entreprise à Aubin en Aveyron. Cette Compagnie des Forges et Fonderies de Aubin, était l’usine la plus importante de France en 1847. Elle produisait principalement des rails pour le chemin de fer. Il reste directeur des Forges de Basse-Indre pendant encore 2 ans.
Mais au château on attend le troisième enfant de Jeanne et une bonne d’enfants est nécessaire. On a choisi Mlle Anne Buaud, 25 ans pour s’occuper des petits Henri et Léon. Le 1er septembre 1845, naît Marie-Pauline, leur première fille. M Viols se rend à saint Jean-de-Boiseau, pour la déclaration de naissance de sa petite-fille, avec Emile-Charles-Auguste-Désiré Desforges, son cousin, qui est ingénieur aux Forges. Le baptême se fait dans la chapelle, le 3 septembre la permission a été accordée, comme pour Léon, par Monseigneur Jean-François de Hercé. Le prêtre Bouchard de Saint-Jean-de-Boiseau préside et signe l’acte.
Au château la vie continue et en 1847 de nouveaux éléments voient le jour. Adrien Langlois devient le directeur des Forges de Basse-Indre en remplacement de Ferdinand Riant qui a pris la direction des Forges d’Aubin. Quant à Jeanne elle attend son quatrième enfant qui naît le 11 juin 1847 : nouvelle fille, Cécile-Marie-Emilie.
Son grand père va la déclarer à la mairie en compagnie de son ami Simon Bourgeois, lieutenant de vaisseau de la marine royale, commandant du navire à vapeur « Le Pélican », et d’Adrien Langlois, le père. M Aristide Demangeat, maire de Saint-Jean-de-Boiseau les reçoit pour la déclaration en soirée. « Le lieutenant Bourgeois est l’ingénieur de l’Arsenal d’Indret qui a mis au point des recherches théoriques et expérimentales sur les propulseurs hélicoïdes. Il est chargé de faire des essais sur différents types d’hélices sur le Pelican navire construit à Indret en 1846. Les essais sont effectués au large du Croisic. On retiendra une hélice à six pales de 2,5 mètres de diamètre pour l’équiper.
Le 12 juin, avec la permission de l’évêque, M Plantard prêtre, baptise l’enfant dans la chapelle du château. Son parrain est Emile-Auguste-Charles-Désiré Desforges et sa marraine est Anne-Augé sa grand-mère.
Les affaires d’Adrien le menant très souvent à Paris, la famille retourne dans la maison familiale de M Viols en fin 1848. Là vont naître Eugène-Marie, le 9 mars 1849 et le 13 février 1851, Paul Marie-Hippolyte, le quatrième garçon.
Mais dans l’année 1852 on revient à la Hibaudière car les associés d’Adrien, les frères Riant, viennent de faire faillite et les Forges de Basse-Indre sont détenues maintenant par la Famille Langlois qui devient le seul gérant.
Le 1er juin 1852, cette nouvelle société prend pour raison sociale M M AD. Langlois & Cie. C’est une société en commandite par actions car elle gère les Forges de Basse-Indre qui produisent du fer laminé et martelé, et l’entreprise des Haux Fourneaux de Mendive en Basses-Pyrénées qui fournissent de la fonte. Un transport maritime est établi entre Bayonne et Basse-Indre. Cette organisation prend fin compte tenu des changements techniques (chemin de fer) et politiques (règlementation douanière concernée par le fait du transport maritime).
Dans cette même année 1855, madame Langlois accouche d’une magnifique petite fille au château de la Hibaudière : Adrienne-Eugénie-Marie, le 19 août 1855. Ses frères et sœurs sont en admiration. Le père et son beau-père se rendent à Saint-Jean-de-Boiseau dans la calèche que conduit Joachim Cornu, domestique du château. Le nouveau maire Jacques Thomas les reçoit pour l’enregistrement.
Le lendemain, le 20 août, Monsieur le curé Aubert de Saint-Jean-de-Boiseau, arrive au château pour baptiser Adrienne dans la chapelle. Le parrain Henri-Abel-Marie Langlois son frère et la marraine Cécile- Marie-Emilie sa sœur. Les deux enfants signent.
Les enfants grandissent et sont scolarisés au château, mais il va falloir les envoyer dans des écoles nantaises. Leur père achète une grande maison avec un petit parc, 4, Place Launay à Nantes. De nos jours cette place a changé de nom et s’appelle la place Mellinet. Adrien se lance dans la politique et rentre au Conseil Général de la Loire inférieure pour le 6éme arrondissement de Nantes. Il y restera jusqu’en 1872.
La famille quitte le château de la Hibaudière en 1856. Le cocher François Vignet a épousé Jeanne la fille du métayer Aubinais. La cuisinière et le valet de chambre Loirand retournent à Paris et auront une fille.
Le père de Jeanne Viols, épouse d’Adrien, meurt le 25 novembre 1857, dans sa maison du faubourg Poissonnière à Paris. Sa veuve va revenir habiter à Nantes chez sa fille. Dans cette maison, le 23 mars 1858, va naître leur huitième enfant. Jeanne-Eugénie-Marie. Il rachète en février 1860 les Forges et Fonderies Maritimes de Nantes. Cette société qui avait été créée en 1858 n’était plus viable. Il lui donne une impulsion nouvelle par la fabrication des fers laminés et martelés pour l’arsenal impérial Indret.
Adrien apprend que le château de l’abbaye de Chantenay, qui appartient à la famille De Goyon, est en vente. Sa maison, place de Launay étant trop petite pour loger sa famille et les domestiques, il rachète la propriété et le château en 1860. Celui-ci vient d’être rénové par la famille De Goyon en 1855.
En 1861 il fait acquisition des Hauts fourneaux et Forges de Moisdon, près de Chateaubriand, site industriel, qui par le passé, a appartenu à la famille Demangat. Mais ce site est fermé en 1869.
La vie dans cette nouvelle demeure s’organise. Les enfants grandissent et chacun veut sa chambre. Pour la neuvième fois, Jeanne est enceinte. Le 30 juin 1864, naît Léonie-Marie, la dernière fille d’Adrien. La déclaration en mairie de Chantenay est faite le lendemain matin, le père et son fils Léon, ainsi que le cocher Charles Motais, vont signer. Dans cette même année Adrien reçoit la croix de chevalier de la Légion d’Honneur pour le récompenser d’avoir créé un grand groupe de la métallurgie dans L’Ouest. Il reçoit cette décoration le 13 août 1864. Le 6 décembre son deuxième fils Léon se marie avec Isabelle-Pauline-Sidonie Besnier. Désiré Besnier le père est un riche négociant nantais. Léon travaille aux Forges, avec son père, et apprend le métier.
Mariage de ses enfants :
- Sa fille Marie-Pauline, son troisième enfant se marie le 12 novembre 1863 à Chantenay avec Ferdinand-Louis Rousselot de Saint Céran, fils d’Hippolyte et Marie Rousseau de Saint Aignan. Ils auront leur première fille l’année suivante, Amélie, en septembre.
- En 1866, son premier fils Henri se marie avec Anna-Marie Toché. Ce fils, qui a fait des études de droit, a créé sa société d’assurances. Ses beaux-parents sont des armateurs, Son beau-père est le président du tribunal de commerce de Nantes. Puis Céline qui vient d’avoir 19 ans se marie avec Georges-Léon Toché (son beau-frère), un négociant, minotier, capitaine au long cours, de 31 ans, le 9 janvier 1867. Puis c’est le tour de Paul-Marie qui épouse Alice-Marie Berthault le 26 octobre 1876, son beau-père est avocat au barreau de Nantes.
- Adrienne-Eugénie-Marie épouse Edmé-Marie Gondoin le 9 juillet 1879, ingénieur Arts et Manufactures, promotion 1873, et Administrateur délégué de la faïencerie de Gien à la suite de son père.
- Le 14 novembre 1881 Eugène-Marie, qui travaille dans l’usine de Basse-Indre, épouse à 32 ans, Amélie- Marie-Anne Serpette qui a 17 ans. Il sera associé de son beau-père dans la société Serpette qui produit des Savons bleu pâle et bleu vif.
- Quant à la dernière de la famille Léonie-Marie, elle reste célibataire et meurt en 1933 à Nantes.
Adrien Langlois reste à la tête de l'entreprise jusqu'en 1880 et laisse la place à son fils Léon. Un autre fils, Eugène, est aussi actif dans l'usine, ce dernier a été zouave Pontifical avant 1871. Le chiffre d’affaires de la société s’élève à 2 500 00O francs et il y a plus de 500 ouvriers à Basse-Indre. En 1889, Léon créé la Société Anonyme des Forges et Aciéries de Basse-Indre. L’installation de trois trains à chaud en 1893, permettent à la société la sortie des boîtes de conserves en fer blanc, qui jusqu’ici était fabriquées par les Anglais.
A la mort d’Adrien, le 18 décembre 1889 a plus de vingt petits-enfants. Jeanne-Eugénie son épouse décide en 1901 de faire le partage des biens. Le château reste sa propriété. Elle le cède, en 1926, à la Congrégation des Frères de Ploërmel pour y fonder un pensionnat de garçons : Le collège et Lycée Notre dame de l’Abbaye.

Jean-Yves GROLLIER



Source ADLA, La généalogie et diverses recherches du Net.
Généalogie langlois-viols


 

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