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Le château du Pé

Sa situation :

Situé au milieu d'un domaine de 9 hectares, entièrement clos de murs de pierre, le château actuel n'est pas le premier sur cet emplacement.

Le Pé vient du mot latin podium qui désigne un lieu surélevé ou un promontoire. C'est en effet la configuration des lieux puisque ce château est situé sur l'ancienne rive de la Loire et domine actuellement la vallée due aux atterrissements.

Une large allée le reliait au bourg de Saint Jean en traversant un splendide parc. Près de l'entrée, existait une grille ouvragée supportée par deux montants de briques surmontés d'un lion. Un petit bâtiment de style à l'italienne y était accolé et servait de logement de gardien.

Ses origines :

Ces terres furent données à Alain Borrigan, un des plus vaillants capitaines d'Alain Barbe-Torte, en récompense pour avoir aidé à chasser les Vikings du comté nantais. C'est donc lui qui fit construire peu avant l'an 1000 le premier castel sur ces lieux.

Pendant près de 6 siècles, les descendants de ce combattant, devenus Bourigan du Pé, occuperont le site et au XIV° siècle feront édifier un nouvel édifice dont il reste aujourd'hui encore quelques éléments de cette architecture médiévale (soubassements, caves et départ d'une galerie étroite et circulaire).

Ce n'est qu'au XVIII° que ce bâtiment prendra l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui, mais ce ne sera plus un descendant de cette lignée qui le transformera.

Les Bourrigan du Pé (950-1598) :

Alain Borrigan sera donc le premier seigneur de Saint Jean. Il prendra la place des Normands qui occupaient les lieux depuis quelques temps déjà. Ses descendants deviendront très vite les Bourrigan du Pé. Blottis sur la rive sud de la Loire, ils sauront malgré tout ne pas se faire oublier et rester près des ducs de Bretagne

Jacques du Pé était ainsi chargé par le duc François II lui-même du bon déroulement des revues militaires.

· Gilles du Pé, 15 ans plus tard, achètera des terres à Port-Saint-Père, près de Saint-Jean provenant de l'héritage de Pierre Landais qui n'était ni plus ni moins que le trésorier du duc de Bretagne.

· Jacques du Pé sera attaché à la cour de Bretagne avec la fonction de Panetier de la future reine Anne (porte-étendard).

· Le dernier de cette famille, pour notre localité, sera Claude du Pé qui épousera en 1590 Diane Martel.

Les de Martel :

Le dernier membre de la famille Bourrigan à habiter ces terres sera Claude du Pé qui décèdera en 1590. Plusieurs propriétaires se succédèrent alors avant que la famille de Martel n'apparaisse avec le premier de ses membres : Jean. C'est lui qui, au cours du XVII° siècle, transforma cette gentilhommière pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui. Il s'éteindra en 1709 mais c'est son petit-fils René qui marquera sans doute le plus la vie de notre localité. Il va acquérir une très grande fortune en tirant parti des atterrissements créés en Loire au début de la seconde moitié du XVIII° siècle et en profitant avantageusement du « Commerce triangulaire » ou traite des noirs. « Il finira alors de transformer le château du Pé en une ravissante demeure avec un très beau salon de style Louis XVI. Une nombreuse domesticité est à son service. Il donne souvent des réceptions où se retrouvent l'aristocratie et la haute bourgeoisie nantaise. Des fêtes somptueuses se déroulent dans le parc et l'été, des feux d'artifice sont tirés au-dessus du grand étang de la terrasse sud. Les chasses au gibier d'eau et de terre sont aussi au programme des réjouissances ». Au cours de la Révolution, Carrier vint à Nantes et fut à l'origine de massacres mémorables à l'époque. Ainsi parmi ses nombreuses exactions, une des moindres consista à expédier à Paris 132 personnes dans des conditions déplorables pour y être jugées. René de Martel fit partie de cette expédition. Emprisonné, puis relaxé en fructidor An II, il sortira très diminué de cette épreuve et ne reviendra jamais à Saint-Jean-de-Boiseau.

Son fils René épouse l'unique fille du puissant armateur nantais Montaudouin. C'est lui qui fera édifier pour sa belle-mère le très bel hôtel des Colonnes sur la place Louis XVI à Nantes. Sa fortune lui permettra également d'acquérir la baronnie de Rié (Saint-Hilaire et Saint-Jean-de Monts) ainsi que celle de Trans-sur-Erdre près de Riaillé.

Le Pé n'est plus alors occupé que par ses deux filles. L'une d'elles Marie de Kercabus mariera sa fille Marie Renée Sophie avec un cousin qui se nomme Anonyme Martel. Ainsi elle pense avoir agi pour que le nom des de Martel puisse se perpétuer. Malheureusement pour elle, ce seront les derniers de Martel qui habiteront ces lieux.

Par succession, la propriété entre dans la famille de Tinguy puis de celle des Monti de Rezé en 1918. La comtesse de Monti accueille sur sa propriété les fêtes populaires religieuses et les exhibitions de l’Alerte (société de gymnastique). Elle loue même le château à l’évêché qui y organise une colonie de vacances.

Mme du Réau de la Guignonnière hérite en 1939 et le Pé devient villégiature d’été. Tour à tour, le château servira de salle de classe pendant la construction de l’école Saint-Marc, accueillera des réfugiés alsaciens, abritera des Allemands pendant quelques semaines et des réfugiés de la poche de Saint-Nazaire.

À la fin de sa vie, Mme du Réau confie les clés du domaine à la paroisse. L’abbé Guihéneuf fait connaître Saint-Jean-de Boiseau grâce au festival folklorique international qu’il organise au Pé de 1950 à 1969.

1997, la municipalité achète… une ruine

Ces utilisations successives ont entraîné la dégradation des bâtiments. Les années 1970 sont dramatiques pour le Pé. Le dernier propriétaire, Berset de Vaufleury, qui n’a pas les moyens d’entretenir le château, vend les plus beaux arbres du domaine pour payer une partie de ses charges.

Tombé en ruine, le château n’est plus habitable. Pour éviter sa destruction envisagée par des promoteurs, la municipalité en fait l’acquisition en 1997 et en décide la rénovation.

Treize ans de travaux

1998-2003. Après que des retraités aient nettoyé le domaine, l’architecte paysagiste Yves Bureau organise la remise en état du parc : allées, bassin, esplanades… À la même période, la municipalité associe à la restauration de la maison du gardien la société d’histoire locale qui en a aujourd’hui l’usage. Réalisée dans le cadre d’un chantier d’insertion, cette rénovation utilise des matériaux traditionnels : tige de botte, briquettes, enduit à la chaux…

2003. Les architectes Alain Diatkine et Pascal Filâtre sont chargés de la restauration du château. La réalisation d’une toiture neuve impose la réfection complète de la charpente. Ce chantier, comme celui du remplacement des huisseries extérieures et des portes et fenêtres, nécessite de refaire toutes les maçonneries (cadres de fenêtres, corniches, cheminées, pilastres). En 2006, le château est à l’abri des intempéries.

S’ensuit la rénovation intérieure (parquets, lambris, plafonds, décoration, peinture), l’installation du chauffage par géothermie, le raccordement au réseau d’assainissement, la pose de sanitaires, la création d’un nouvel escalier…

La remise en état des planchers entre les différents niveaux génère d’importants travaux car l’ensemble du solivage avait été très endommagé par les infiltrations d’eau.

2010. L’aménagement de six chambres, délégué au Voyage à Nantes, est réalisé par des artistes plasticiens de renom international.





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