Le prieuré et la révolte de la dîme à Saint-Jean-de-Bouguenais
Pour comprendre les évènements qui vont suivre, il est important de rappeler comment fonctionne l’imposition sous l’ancien régime. En effet les taxes sont nombreuses, complexes et supportées par le peuple. Elles se répartissent en trois destinataires :- Le roi
- Les nobles
- Le clergé
Pour cette dernière catégorie l’impôt s’appelle la DÎME. C’est une redevance, principalement en nature, portant sur le dixième des revenus agricoles. Au Moyen-Age, elle est destinée à permettre l’exercice du culte par l’entretien du clergé et des lieux de culte, et à fournir assistance aux pauvres.
Cette pratique remonte à l’Antiquité, chez les juifs en particulier. La tradition chrétienne la relie aux dons volontaires des membres des premières communautés. Des textes du IIIe siècle (Cyprien, Origène) montrent que l'usage de verser un dixième de ses biens à l'Église est courant et Ambroise de Milan, au IVe siècle, en fait une obligation de conscience. Le pape Damase, au IVe concile de Rome, en ordonne le paiement sous peine d'anathème et Augustin d'Hippone se montre très strict dans ce sens (début du Ve s.).
Les conciles de la Gaule mérovingienne exhortent les fidèles à payer la dîme pour apaiser la colère de Dieu qui se manifeste par les guerres et les troubles variés de l'époque (IIe synode de Tours, 567), puis menacent d'excommunication ceux qui refusent de verser cette redevance (concile de Mâcon, 585). Cette obligation souvent répétée, donc sans doute assez mal respectée, devient effective quand le pouvoir civil, en l'occurrence le roi et l'empereur carolingien la reprend dans la législation d'État par le capitulaire d'Herstal (779), répété par plusieurs autres documents analogues de Charlemagne (780, 789, 801), confirmés par Louis le Pieux, puis par Charles le Chauve (877). Le fait que les Carolingiens aient rendu la dîme obligatoire est à mettre en rapport avec les concessions faites par le roi de terres ecclésiastiques à des laïcs : les dîmes venant compenser en partie les injustices commises par Charles Martel et ses successeurs à l’égard des Eglises.
On distinguait :
Les Grosses dîmes levées sur le blé et le vin.
Les Menues dîmes levées sur les menus grains et sur le menu bétail.
Les Vertes dîmes levées sur les légumes, le chanvre, etc.
Le percepteur de la dîme assiste au battage des grains, à la vendange et il prélève immédiatement un dixième de la récolte.
Comme on le voit la dîme était initialement un acte volontaire qui s’est ensuite transformé en un impôt destiné au clergé.
C’est la répartition de cet impôt qui va être à l’origine du conflit opposant les bénéficiaires à la cure de Saint-Jean-de-Bouguenais en 1688 avec son haut clergé
La paroisse de Saint-Jean-de-Bouguenais.
Elle dépend, depuis 1136 par une bulle du Pape Alexandre III, de l’Abbaye des augustins Sainte Madeleine de Geneston pour la formation et la nomination des recteurs. Ce sont donc des augustins que l’on verra venir au prieuré de Saint-Jean pour s’occuper des fidèles. Outre ses fonctions religieuses le prieur gère le patrimoine légué au cours des ans par les généreux donateurs de la paroisse.
L’église est aussi dépendante de l’abbaye ainsi que le prieuré situé à côté, où loge le clergé. Par contre pour tous les bâtiments, granges et pressoirs, utilisés pour la perception de la grosse dîme, les frais d’entretien sont partagés à 2/3 pour la paroisse et 1/3 pour l’évêché de Nantes. En échange les revenus de la dîme sont partagés moitié-moitié entre la paroisse et le trésorier de la cathédrale de Nantes. Tout se passe bien lorsque chaque partie respecte ses engagements, mais au XVIIème siècle les choses se gâtent. Le haut clergé, constitué de fils de la noblesse que l’on a placé là plus à titre honorifique que par vocation, va se comporter comme un seigneur en tirant le maximum de profit sur les abbayes et les paroisses, sans se préoccuper du sort de son bas clergé.
A ce titre l’exemple du prieuré de Saint Jean est édifiant.
Le petit s’oppose aux grands
A travers le procès qui va opposer le trésorier de la cathédrale de Nantes, le sieur de la Rochelais Foucaud, et le prieur de Saint-Jean-de-Bouguenais Le Sénéchal on a une description de l’état du prieuré qui s’apparente à une grosse ferme. Le litige porte sur l’urgence des réparations nécessaires à effectuer sur une partie des bâtiments auxquelles l’évêché ne veut pas contribuer comme l’exige l’accord passé en 1618.
Les enjeux
L’affaire débute en 1686. Le recteur et le conseil de fabrique de la paroisse se plaignent de l’état du prieuré auprès de l’évêché qui fait la sourde oreille aux réclamations qui lui sont adressées. Mais, cependant chaque année, depuis le dernier accord entre les deux parties datant de 1618, il envoie son percepteur pour récupérer les 50% de la dîme. Nouvelle démarche du prieur en 1687 sans plus de résultat malgré le prélèvement de l’impôt fait par l’évêché. L’année suivante, excédé, le prieur le Sénéchal, en accord avec ses ouailles, refuse de partager la grosse dîme.
L’évêque s’inquiète et délègue son trésorier pour une inspection à la cure de Saint-Jean, ayant appris des bailleurs que les granges et pressoirs étaient indigents en réparations. Ce dernier se rend donc sur les lieux le 5 mars. Les paroissiens de Saint-Jean ont été prévenus par une publication faite aux prônes de la messe pour délibérer et donner leur avis. Ce que le curé prieur Le Sénéchal n’ayant voulu faire. (Verser la part de la dîme) nous nous sommes transportés accompagné de deux notaires sur les lieux…mais le curé leur refuse l’accès et ferme toutes les portes de l’église et de la cure pour ne pas les recevoir. D’où un procès-verbal de carence pour ce qu’ils ne purent exécuter parce que le sieur Le Sénéchal curé leur ferma la porte. Par le trou de la serrure ils aperçoivent le curé seul dans la cour du prieuré qui reste ferme aux injonctions.
Evidement la réaction ne se fait pas attendre et la situation devient cocasse. C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Voici quelques détails des faits :
Conformément aux accords de 1618 la dixme doit être partagée sur place dans la cour de la cure de Saint-Jean mais le curé Le Sénéchal refuse et les deux fabriqueurs, Simon Jadou et Pierre Leroy, tous deux marchands dans la paroisse le soutiennent dans son action. Ce sont eux qui sont les garants de la récupération de la dime auprès des paroissiens mais ils s’en sont abstenus.
Le trésorier de l’évêché décide donc de payer des fermiers pour le faire à leur place de peur perdre la récolte : lequel seigneur abbé se serait trouvé dans une nécessité indispensable de présenter sa requête devant messieurs du siège présidial de Nantes aux fins qu’il lui fut permis de faire amasser par ses fermiers toutes les dîmes de la paroisse de Saint-Jean-de-Bourgnais pour cuister à la perdission d’icelle et attendu même que les prétendants à la cure et prieuré n’auraient commis aucune personne de leur part pour ce faire .
Lorsque les fermiers, envoyés pour faire ce travail de ramassage dans les fermes de la paroisse, se présentent avec leur butin, le curé les laisse entrer et mettre les blés et les autres parties de la dîme commune dans la grange pour ensuite en faire le battage dans la cour du presbytère, mais aussitôt que tout est chargé dans le bâtiment le curé ferme les portes et confisque les clés.
Nantes du 20 juillet dernier, en exécution de laquelle les fermiers du seigneur trésorier auraient ramassé toute ou la plus grande partie des dîmes et icelle mise dans la dite maison et grange commune, ce qui étant fait le sieur Le Sénéchal l’un des prétendant au prieuré cure aurait de voie de fait par violence menacé, oté la clef des portes de sa grange et maison dans lesquelles étaient les dîmes, d’entre les mains des fermiers, lesquels en auraient porté plainte au seigneur trésorier comme d’un trouble fait à la jouissance de leur ferme que le seigneur trésorier est obligé de leur garantir .
Aussitôt l’affaire est portée devant la justice : Duquel trouble et violence se serait le seigneur trésorier pourvu par devant les juges a qui la connaissance en appartient à l’effet d’en avoir justice par les voies de droit et pour ce en aurait fait donner assignation au sieur Le Sénéchal l’un des prétendant lequel continuant le trouble.
Un prieuré très délabré
En juillet 1688, nouvelle mission auprès du prieur récalcitrant avec comme objectif l’estimation réel des travaux de réparation, réclamés par le prieur, par des professionnels mandatés par l’évêché. On délègue donc le maçon Chesneau, un charpentier Dorsemain et François Aubin couvreur d’ardoises qui ont été réquisitionné en vue d’expertises des bâtiments incriminés. Mais le curé a fermé les portes et il est impossible d’accéder sur les lieux. Les experts sont alors obligés de regarder par le trou de la serrure et par-dessus les murs de la clôture. Ils établissent le constat suivant :
Le portail est lézardé et prêt à tomber, le toit de celui-ci est en ardoises. On a vu un logement enfermé dans ladite cour appelé la grange couverte d’ardoises situé vers l’église, le coin de la muraille vers midi est tombé depuis la couverture jusqu’à 3 pieds de terre (1 mètre) et la brèche d’environ 4 pieds (1,30 m). Que le pignon joignant la brèche à la rue est contre plombée en penchant vers la rue et menace ruine, que la longère (logement du prieuré) du même logement touchant la brèche par le dehors côté cimetière est penchante vers dehors et lézardé proche de la muraille qui fait la clôture du jardin et la toiture ruinée et enfoncée en plusieurs endroits, un autre logement côté cure vers le soleil levant ou est le pressoir, la muraille est lézardée en de nombreux endroits et la couverture est vieille et enfoncée.
Dans la cour par le trou de serrure, les artisans voient le prieur le Sénéchal avec son vicaire Eustache Lebreton qui les narguent et refusent d’obtempérer.
Cette description, montre un état de délabrement qui s’avère même dangereux pour les habitants du prieuré et les paroissiens qui vont au cimetière situé alors place de la Liberté actuelle.
Dernière démarche de conciliation
Devant cette rébellion envers l’ordre supérieur, il est effectué une dernière démarche le 19 août, avec cette fois toute une délégation que nous rapporte le notaire royal de Nantes :
Le voyage
Louis Alexandre notaire royal du nombre des 46, établi en la cour et sénéchaussée de Nantes, rapporte que ce jour 19 août 1688 vers les 5 heures d’après-midi est comparu monseigneur le chanoine trésorier de l’église de Nantes demeurant à l’évêché du dit lieu qui, m’a prié et requié vouloir avec lui transporter à la Fosse du dit Nantes pour nous embarquer afin de nous rendre de compagnie au bourg de Saint- Jean-de-Bougnaise distant de la ville de Nantes d’environ trois lieues, ce que il lui avoir accordé et de compagnie nous serions transporté à la Fosse [1]où nous serions embarqués et attendu la basse heure nous aurions pris logement dans la maison presbytéral de Saint-Pierre-de-Bougnaise distante de la ville d’environ deux lieues. Et le lendemain 20 du mois d’août environ les 5 heures du matin nous serions déplacés et embarqués pour nous rendre au bourg de Saint-Jean-de-Bougnaise au nous serions arrivés de compagnie environ les 7 heures du matin , auquel lieu étant mon dit sieur abbé avait demandé maître Mathurin Séguineau notaire de la châtellenie de Bougon et Rezé en Saint-Pierre et Saint-Jean-de-Bougnaise lesquels sur son réquisitoire se seraient transportés de sa résidence actuelle qu’il sait au bourg et paroisse du Pellerin au bourg de Saint-Jean-de-Bougnaise distant l’un de l’autre d’environ 1/4 de lieue.
Aussitôt arrivé devant le prieuré toujours fermé, l’officier trésorier fait lire à haute voix par le notaire la déclaration suivante : aurait le dit seigneur abbé De Lesrat fait entendre qu’à cause de sa dignité de trésorier il a droit et est en possession de tout temps immémorial de partager par moitié avec le prieur curé de la paroisse de Saint -Jean-de-Bougnaise la grosse dîme de toutes sortes de grains qui sont de cette nature.
Cette fois les portes s’ouvrent et la délégation pénètre dans la cour du prieuré où sont rassemblées plusieurs personnes venues pour battre le blé, à la demande du prieur Le Sénéchal. Le notaire consigne dans son rapport :
Le trouble serait par voie de fait, battre et enlever les grains tant ceux qui peuvent dépendre du dit prieuré que ceux qui peuvent appartenir à ladite trésorerie quoi qu’il n’ait aucune qualité pour le pouvoir faire y ayant eu séquestre donné de justice pour les fruits de la dîme du prieuré seulement.
….auquel lieu étant parlant à la personne du sieur Sénéchal le seigneur abbé de Lesrat en sa qualité de trésorier lui, aurait déclaré le sujet de son transport et nous lui aurions fait lecture de tout ce que devant et nous aurait le seigneur abbé fait remarquer nombre dépend a nous inconnu dans la cour de la maison qui était a disposer l’aire pour battre les grains.
Il ajoute que ce n’est pas au prieur de Saint-Jean de choisir les personnes pour les battages mais au trésorier de la cathédrale.
M De Lesrat, à l’endroit du sieur Sénéchal a déclaré que ce n’est point par son ordre que l’on bat les grains mais bien par ordre de Jan Huchet marchand demeurant à la Fosse du dit Nantes, duquel Huchet il n’a voulu dire la qualité à l’effet de faire battre les grains
Le sénéchal maintient qu’il n’a pas l’intention de partager la dîme et compte bien garder tous les grains pour sa paroisse. On tente alors d’en savoir plus sur les gens venus pour le battage.
Et en cet instant le seigneur abbé De Lesrat a aussi sommé et interpellé en notre présence plusieurs gens qui se sont trouvés dans la maison du prieuré de déclarer de quelle part ils étaient pour battre les grains.
Ils sont cinq : Simon Gérard, Pierre Tabart, Honoré Charier, Baptiste Leroux et Jean Richardeau qui sont laboureurs en ladite paroisse de Saint-Jean-de-Bougnaise ont déclaré savoir le dit Gérard et Tabart qu’ils étaient de la part du sieur Sénéchal.
Les hommes du trésorier tentent de les intimider pour en savoir davantage mais devant leur prieur les cinq hommes prennent peur :
Ils ont rétracté leur déclaration et dit avoir été mandé par le dit Sevet et n’ont voulu déclarer si ils savaient signer, ni signer ni faire à leur requête quoi que sommé de ce faire suivant l’ordonnance. Pour ayant pareillement le seigneur abbé De Lesrat requis acte de ce que le Pierre Sevet a dit en notre présence que le Huchet avait ordé de Me Mathurin Lecourbe notaire Royal à Nantes notaire, Simon Gérard, Pierre Tabart, Honoré Charier, Baptiste Leroux et Jean Richardeau ci-devant nommé et autres qui se sont trouvés en nombre dans la cour du prieuré qui n’ont voulu se nommer, que s’ils passaient ordre à battre les dits grains qui leur serait portés tout sucenement porter dépenser dommager et intervestir à moins qu’il n’en fut autrement ordonné de justice.
Encore une mission pour rien car la délégation repart sans les grains de la dîme…. Et l’on n’est pas loin de penser qu’une partie des grains a été battu et caché pour échapper au partage.
Pierre Leroy et Simon Jadou les fermiers de déclarer si depuis que le sieur Sénéchal se serait saisi des clefs des deux portes de la grange ouy les grains auraient été servi, ils auraient été avertis de sa part ou de celle du dit Huchet ou d’autres pour se trouver à battre et à partager les grains.
En conclusion de son rapport le notaire a consigné les faits suivant : le prieur de Saint-Jean et ses ouailles présentes ont refusé de signer. Mais il n’en oublie pas sa note pour son déplacement.
A tout quoi nous avons rapporté le présent acte le nous requérant le seigneur abbé De Lesrat pour lui valoir et servir ou et contre qu’il appartiendra pour ses protestations dépourvues servir et contre tous ceux qu’il verra l’avoir affaire et de leur faire porter tous surnements porter dépenses dommages et intérêts fait et arrêté en la maison du dit prieuré de Saint-Jean-de-Bougnaise en la présence du sieur Sénéchal curé qui a refusé de signer et le dit seigneur abbé a signé et Simon Jadou et pour ce que Pierre Leroy a dit ne savoir signer à signer à sa place Pierre Josnet de Boiseau . Jadou et Leroy sont du bourg du Pellerin.
Terminé à 9h du matin.
Coût 11 livres 5 sols
Suite de l’affaire le 21 août 1688
Cette fois, c’est de la vendange qu’il s’agit et la position du prieur de Saint-Jean est la même mais il argumente en s’appuyant sur sa dépendance à l’abbaye de Geneston qui l’a pourvu du bénéfice de curé sur présentation de monsieur l’évêque de Tréguier Abbé de Geneston comme étant le dit bénéfice dépendant de la dite abbaye de Geneston de l’ordre de Saint-Augustin et messire Foucault pourvu en la cour de nome Per Obitum de la dite cure de Saint-Jan-de-Bouguenais.
En conséquence, le recteur estime que c’est à elle qu’il doit verser cette partie de la dîme affermée aux deux fabriqueurs et marchands, Simon Jadou et Pierre Leroy, pour la somme de 600 livres par an. Les marchands doivent récupérer le grains de leur fermage dans la grange du, presbytère de la paroisse de Saint-Jean après que celui-ci est été battu dans la cour et mis en mousseaux par moitié ainsi de même pour le vin après la vendange dans la même grange avant de presser les grains au pressoir de la cure et de même partager a la saison par moitié la récolte en litige.
L’évêché n’est bien sûr pas d’accord et fait appel. En vertu de quoi : la cour du présidial de Nantes décide le séquestre de la récolte. D’en attribuer la moitié au suppliant trésorier de l’évesché et l’autre moitié pour Le Sénéchal et Foucault de même pour la vendange. Il a fait dire que faute au dit Foucault de donner caution de 5 consors livres le fruit du dit bénéfice séquestré de droit et il est précisé :
Cependant, attendu l’arrêt de séquestre faire d’offanar (interdire à l’avenir) aux sieurs Le Sénéchal et Foucault d’avoir à porter la main aux fruits de la dite paroisse et ni indirectement se saisir des clefs des granges et pressoirs ni troubler les intérêts du suppliant sous la perception de ses droits sous peine de privation de leurs droits de toute dépendance dommage et intérêt à jamais.
La sanction
Devant l’échec de tout compromis avec le recteur, une tentative de médiation est alors signée le 5 avril 1690 par Eustache Lebreton, le vicaire de la paroisse, accompagné des fabriqueurs Simon Jadou et Simon Halbrand d’où il résulte que Le Sénéchal est condamné à faire les réparations nécessaires. Le trésorier de la cathédrale propose de payer sa part soit 50 livres (ce qui est conforme à l’expertise partiel ci-dessus estimant l’ensemble des réparations à 150 livres).
Au terme de ce conflit, le 7 juillet 1690, Le sénéchal est condamné aux dépends.
Le Pot de Fer a encore gagné et comme disait La Fontaine selon que vous soyez puissant ou misérable…
Cet exemple hélas n’est pas unique et explique la position du bas clergé, un siècle plus tard, lors de la révolution. En effet, pratiquement tous les desservants des paroisses des environs, issus des abbayes de Geneston et de Buzay entre autre, deviendront, à l’exemple du curé de Saint-Jean Danghin, des prêtres réfractaires très actifs auprès des révolutionnaires.
Acte du 16 septembre 1699
Eustache Lebreton a succédé depuis 1694 à Le Sénéchal. Simon Jadou et Toussaint Buaud sont les fabriqueurs. Ils sont présents lors de l’inspection des fermiers de la cathédrale pour le partage de la dime sur les grains à la cure de Saint-Jean-de-Bouguenais mais la rébellion est terminée. Aucun écrit ne nous est parvenu pour savoir si les bâtiments incriminés ont été remis en état. On peut le penser à travers l’inventaire fait en 1791 lors de la vente publique des biens de la paroisse comme indiqué dans le chapitre suivant.
Mais en quoi consistaient les biens du prieuré de Saint-Jean-de-Bouguenais ?
Ils comportent deux parties comme on va le voir dans les contrats de fermages du prieuré. Ces actes notariés contiennent des précisions importantes sur la façon de travailler la terre, la récolte et l’entretien du matériel et des bâtiments. Car tout comme les nobles ce ne sont pas les prieurs et vicaires qui accomplissent ces tâches. Ce sont des paysans fermiers. Ils tirent des bénéfices sur leur travail mais doivent s’acquitter d’une redevance et d’un certain nombre de contraintes fixées dans le contrat dont la fameuse récolte de la dîme.
Voyons quelques exemples de contrats de fermages pour le prieuré de Saint-Jean-de- Bouguenais du XVIIème.
Le 5 janvier 1641,
Par devant notre cour royale de Nantes et juridiction devant noble et discret messire Léon de Mazoyer, trésorier de l’église et cathédrale de Nantes demeurant paroisse Saint-Laurent, lequel a baillé affermé avec promesse de garantage[2] pour te temps de 4 ans à compter de noël, à messire François Esline et Etienne Corgnet demeurant au bourg de Saint-Jean-de-Bouguenais, à savoir la moitié des dîmes et seulement en la dite paroisse appartenant à qui ce droit en qualité de trésorier en la dite paroisse qu’on valablement sans visitation que le dit preneur a dit bien connaître pour y avoir joui et jouir encore après soumission sieur bailleur à la charge d’en jouir en bon et mis en état sans rien réclamer ensuite de la dite ferme faite par le dit preneur. Il en paiera les frais de remouvance[3] pour la somme de 360 livres payables par demi-année au terme de la Saint-Jean-Baptiste et Noël. Une moitié chaque fois. Le paiement qu’ils feront viendra en déduction sur le prix de la dite ferme. Avec hypothèque sur leurs biens, meubles et immeubles. Prix de l’acte 1 pistole.
PS Esline et Corgnet étaient les vicaires de la paroisse dont le curé était Marin Chevreul.
Acte du 4 janvier 1656
Il s’agit du même acte de ferme avec le trésorier de la cathédrale de Nantes mais affecté pour bénéficiaire à Gilles du Hénon seigneur du Parc au Pellerin, sur une pièce de terre située en dessous du jardin du presbytère
Acte du 11 juillet 1682
Ferme idem pour le sieur Jan Peillac, prieur curé de la paroisse de Saint-Jean-de-Bouguenais demeurant au presbytère pour moitié appartenant au dit Jolon trésorier en la cathédrale de Nantes en dîmes sur le vin et grains, Froment, seigle, avoine, orge, millet, bled noir…
Acte du 22 septembre 1687.
Ferme avec le trésorier de la cathédrale de Nantes et François Le Sénéchal chanoine régulier de l’ordre de Saint-Augustin, prieur recteur de la paroisse de Saint-Jean-de-Boiseau demeurant au presbytère et affermé pour 3 ans à Pierre Buaud, Thomas Davy, tous deux du village de Rocheballue, François Mocquard et Jean Lebeveux marchand…tous deux au bourg de Saint-Jean.
La ferme porte sur les biens du prieuré et de la cure de Saint-Jean et les dimes lui appartenant à savoir :
Le clos de la cure qui ne doivent pas de dîmes au dit trésorier :
La vigne de Bethléem, la vieille vigne de la Poterie que faisait le précédent prieur à sa main (Il s’agit de Jan Peillac), le débuoire de lin qui est sur la grande et jeune Poterie, le débuoire de … qui lui est sur un canton de vigne appelé la Noë nouveau, un journal de pré situé en la vallée de Bouguenais, le moulin carré proche le Landas dépendant du dit prieuré, tous les récoltes du lin, leur garantir les dimes de bled, seigle, froment, méteil et vin rouge sur la moitié de ce qui est fondé plus tous les jouisseurs et payer anciennement au même mesures de grains que le dit bailleur afferme au preneurs sans que monsieur le trésorier ( de la cathédrale) ne puisse en prendre aucune dîme. Sur ce qui est mentionné ci-dessus.
La moitié en fermage des dimes de vin et de plus les logements du prieuré et cure, savoir que le sieur prieur se réserve sur le dit logement , la cuisine du bout, les deux chambres hautes, la tourelle , une écurie, un cellier et le grand coin qui est au bout de la salle et outre le dit prieur en prendra pour ses étages de maison seulement pour ce que les dits preneurs s’engagent pour le dit jardin de payer en légumes, à la charge aux dits preneurs d’en jouir en bon ménage et pères de famille sans rien démolir ni gâter, ni couper au bien par pieds. Entretenir ledit logement d’enduits, tuilage, chaux et rendre le tout en bon état à la fin du présent terme, parce que ledit sieur bailleur mettra le tout en bon état à noël prochain.
Entretiendront les vignes savoir, raisé, déragouler, tailler, déchausser et riberger[4] en suivant par saisons suivant la coutume du pays. Ils payeront pour la première année, la somme de 1000 livres et parce que le sieur bailleur se fera payer la somme de 100 livres de M de la Hibaudière pour 1 an seulement et les deux autres années payeront 100 livres parce qu’ils jouiront de toutes les dimes de M. de la Hibaudière ainsi que celles pour la prochaine année, le surplus pour aller au 1200 livres par an. Le seigneur de la Cleraye ( De Martel du Pé) sera au 1er la somme de 100 livres par an sur les dîmes de son domaine qu’il fait à la main, et verseront aussi 100 livres par moitié le tout en bled et aussi en grains et paieront savoir la 1ère année 1100 livres en deux moitié à la Saint-Jean-Baptiste et l’autre 550 livres à la Noël , et les deux années suivantes la somme de 1200 livres et paieront y compris la dime de monseigneur de la Cléraye et paieront les dits preneurs de la ferme suivant au désire terme ainsi qu’ils échoiront.
Fait et accordé entre parties qu’il en cour qu’il n’y aurait que le pressoir qui en acceptent en la dite cure les dit preneurs en sauront faire usage qui sera à détacher sur la pièce de la ferme du dit premier paiement et outre les paillers seront partagés avec le dit bailleur et le dit preneur moitié- moitié.
Garant la personne d’escuyer Jan Martel seigneur de la Cléraye pour sa part et accepte le dit seigneur de la Cléraye pour son dixmier ci-dessus mentionné la somme de 100 livres par an.
Etabli au lieu presbytéral de Saint-Jean-de-Bouguenais.
Lesdits preneurs ont dit ne savoir signer…
Ce contrat est très intéressant à plusieurs points. Tout d’abord il nous précise ce qui est dû en totalité au prieuré et n’est pas partagé avec l’évêché, dont le moulin de la Poterie ainsi que le débuoire[5] à lin qui se trouve à côté. C’est de lui que vient probablement le terme de Poterie pour cet endroit. En effet cette fosse avant d’être un débuoire était une carrière de caolin, matière utilisé par les potiers des environs. Il se trouve derrière le site du moulin près de la déchetterie.
Cette part de la dîme représente pour le prieuré 1200 livres par an.
Un autre acte nous décrit également le logement du prieuré et son environnement.
Acte du 17 avril 1732 à midi
Fermage entre Mathieu Gautret de la Baste prêtre, docteur en théologie, trésorier de la cathédrale de Nantes demeurant en son hôtel de la paroisse Saint-Sauveur, afferme au sieur Louis Ledet et demoiselle Véronique Deniau sa femme du Pellerin la moitié appartenant au bailleur dixième de vins, grains, triquet, froment, seigle, avoine, orge, millet, bled noir et de tout autre fruit sous le titre de grosse dimer qui se servent et perçoivent dans toute l’étendue de la paroisse de Saint-Jean-de-Bouguenais à l’exception d’un domaine proche des maisons presbytéral vaguement appelé le Clos du presbytère étant derrière et joignant les dits jardins du presbytère qui contient 6 journaux de terre environ lesquels grosse dimer ci-dessus de quelconque espèce quelle puisse être croissante en la dite paroisse seulement au 13ème et sont à porter à la grange et au pressoir de la cure, les grains battre et les vendanges pressurées à frais convenus et partagés par moitié entre le dit sieur trésorier et fermier, le dit curé prieur de la paroisse de Saint-Jean-de-Bouguenais devant Guillet et Bonnet, notaires, Gilles de la Lande trésorier de la cathédrale de Nantes et messire Jan Raigereau aussi prêtre prieur curé de Saint-Jean-de-Bouguenais et la présente ferme ne sont compris les mêmes dixièmes : Savoir lin, chanvre, pois, fèves, javotte, et aigneaux lesquels doivent appartenir en particulier au sieur prieur curé. A la charge des preneurs de jouir des susdites choses en bon ménage et père de famille, et entretenir le pressoir et grange de réparation. Entretenir les tonnes et ustensiles en 1/3 partie.
Le montant de la ferme est de 700 livres par an à compter de la Noël.
Le contrat de ferme sera renouvelé aux mêmes en 1738 et en 1742.
Conclusion
Pour connaître la totalité des revenus de la dîme du prieuré de Saint-Jean il faut attendre 1788 et la déclaration du curé Danghin. Car l’estimation du salaire des prêtres constitutionnels est basée sur ce qu’ils percevaient avant la révolution.
Lors de la déclaration des revenus de la cure en 1788 et 1789 : Les revenus moyens du prieuré sont de 3750 livres par an qui proviennent principalement de la vente de la récolte de la dîme. Si l’on déduit les 1200 livres attribués en totalité pour le prieuré on constate que la moitié de la grosse dîme partagée avec l’évêché est de : 3750 – 1200= 2550 livres.
L’imposition de la dîme pour la paroisse est donc de 3750 + 2550 = 6300 livres. Ce qui fait une très belle somme d’argent pour l’époque. Quand on la compare avec le coût des réparations de la grange et du pressoir du prieuré de 1688 estimées à 150 livres (284 €)..On comprend que dans les cahiers de doléances de 1788, on réclamait sa suppression.
Voici en quoi consiste la grosse dîme partagée avec l’évêché pour l’année 1788 :
-2 tonneaux 4 setiers de froment soit aujourd’hui l’équivalent d’environ 3500 kg
-5 setiers de fèves…………………………………………………………… 750 kg
-126 barriques de vin d’environ 232 litres chacune……………………29,25 hectolitres
A la vue de ces denrées cela confirme la vocation viticole de la paroisse. Comme je l’ai indiqué dans d’autres articles c’était au détriment des cultures céréalières ce qui pouvait être problématique en cas de mauvaises récoltes comme ce fut le cas en cette année 1788 où il fit très froid. Pourquoi cette spécialisation, tout simplement parce que le sol de Saint-Jean, de qualité médiocre sur le plateau, s’avérait compatible à la culture de la vigne. Ce vin blanc un peu acide était acheté principalement par les hollandais pour en faire de l’eau de vie : Le Nantz eau de vie.
Pour être sûr de ne pas se déplacer pour rien ces commerçants de la Hanse, achetaient sur pieds la récolte un an à l’avance. Le laboureur de la paroisse était ainsi assuré de vendre sa production à un prix fixé à l’avance.
L’abolition de la dîme.
Le 11 août 1789, avec le décret général sur l’abolition du régime féodal c’est la fin officielle de la société par ordres de l’ancien régime. Louis XVI n’accepta de promulguer ce décret que le 3 novembre 1789. La dîme fut abolie mais en attendant de trouver une solution au financement de l’Eglise, elle dut continuer d’être payée. En fait, ce ne fut que face à la guerre et à l’emprisonnement de Louis XVI, après sa tentative de fuite, que l’Assemblée, pour obtenir le maximum de soutien populaire, utilisa l’abolition des droits féodaux et seigneuriaux. Et ce ne fut que le 17 juillet 1793 que les droits seigneuriaux furent définitivement abolis par la Convention.
Sources : ADLA fond de la châtellenie de Bougon.
ADLA série L .
Actes de la paroisse de Saint-Jean de Bouguenais.
Courrier de Paimboeuf
Annexe. Les vicissitudes du prieuré de Saint-Jean-de-Bouguenais.
Cette importante propriété était close par des murs d’environ deux mètres de haut. Voir plan ci-joint. C’est là que logeait le clergé, un prieur et d’un à 3 vicaires, plus du personnel de maison. Il ressemblait à une grosse ferme en plein bourg.
En 1790, le 21 AN 4 de la République, le prieuré et tous les biens de la cure, sont vendus pour la somme de 10372 F comme bien national à un riche marchand de drap nantais, Joseph Brissault. Mais en fait l’acheteur ne conservera de son achat que ce qui lui rapporte et le prieuré reviendra dans la commune pour servir de mairie et d’école.
Grace à l’inventaire fait sous l’autorité de commissaire de la république Saint, en présence du curé Danghin et du conseil municipal le procès-verbal indique.
1 Une cuisine de 19 pieds sur 18 et 8 de haut avec grenier au-dessus
2 Une salle de 22 pieds sur 18 et 10 de haut avec grenier au-dessus.
3 Un salon de 14 pieds sur 18 pieds et 8 de haut avec grenier au-dessus dans lequel il y a un escalier pour monter aux chambres et grenier.
4 Un cellier de 38 pieds sur 19 avec 3 chambres au-dessus et 2 grandes cheminées.
5 Au midi de ce corps de logis, un appentis servant de buanderie et boulangerie avec latrines au bord.
6 Un bâtiment servant de pressoir de 32 pieds sur 32 avec sa charpente en mauvais état.
7 Un cellier de 46 pieds sur 11 avec en bout une étable à vache de 21 pieds sur 11 avec grenier au-dessus, au bord une petite cheminée et en retour une grange de 48 pieds sur 24, à la suite un pressoir de 22 pieds sur 20, au bout un hangar de 23 pieds sur 18, à la suite une écurie de 23 pieds sur 19 avec mangeoire et une petite chambre adossée en appentis de 10 pieds sur 8.
8 Un terrain servant de cour enclavé entre les bâtiments, murs, clôtures, de 27 cordées.
9 Un grand jardin entouré de murs avec bassin en béton pour arroser le jardin de 73 cordées.
10 Un verger semé de grain, lin et sillon de 72 cordées.
Nota : dans le pressoir, il y a deux pressoirs à long fût.
Que devient le prieuré de Saint-Jean-de-Boiseau après le Concordat
En mai 1803, le Concordat permet le retour du clergé dans les paroisses et la municipalité se doit de trouver une habitation pour le curé, car elle n’a pas l’intention de restituer le précédent logement qu’elle occupe comme mairie-école.
Dans un premier temps, c’est un certain Chauvelon qui loue une bâtisse située dans le bourg, pour la somme de 72 francs par an. Il aura d’ailleurs beaucoup de difficultés pour percevoir son loyer. Il ne rentrera dans ses fonds qu’après un long procès, en 1810.
En plus du loyer, la municipalité ne respecte pas la loi, car les locaux ne sont pas conformes et le clergé ne se satisfait pas de ce qu’on lui a attribué.
La polémique se règle finalement grâce aux familles de Kercabus et De Martel du Pé, dont l’un des membres, Jean, appartient au conseil municipal. Ces riches familles feront l’avance de 2165 f à régler sur 3 ans pour la construction d’un nouveau presbytère. Le prêt sera converti en don au Conseil de Fabrique. En contrepartie, la paroisse leur accorde à vie un banc avec leurs armoiries, au premier rang dans le chœur de l’église, moyennant 24f par an. Il faut savoir qu’à cette époque la nef de l’église était très courte et il y avait peu de bancs. Seuls les notables pouvaient se payer une location à l’année. Le reste des paroissiens assistaient debout aux offices.
En 1838, le clergé fait de nouvelles démarches auprès du maire Demangeat, car dans le nouveau presbytère, il n’y a pas de local convenable pour mettre le foin et le bois. L’élu leur accorde alors une partie de l’ancien bâtiment, devenu mairie école, sur toute la longueur du nord au sud où se trouve la grange et les pressoirs. La mairie en profite pour affermer la cuisine, le grenier, la boulangerie et une portion du jardin côté du petit chemin. Elle modifie la façade par l’apport de tuffeaux, mais supprime les lucarnes du grenier.
En 1847, sur les instances du conseil municipal, il est décidé d’échanger le presbytère, fraîchement réparé, pour en faire la mairie (emplacement actuel) et de redonner l’ancien prieuré à la Fabrique pour en faire le presbytère. Très délabré, la mairie exige qu’il soit rasé pour édifier une construction neuve qui va être financée par les paroissiens pour la somme de 8750 f. Somme modeste car l’on a récupéré pour 1601,24 f de matériaux de l’ancien bâtiment. L’architecte est M Gilée de Nantes qui se rémunère sur 1/20ème du coût de la construction. L’exécution est réalisée par M. Coingnet de Nantes également. Les travaux débutent en mai de la même année. Le Conseil de Fabrique ne possédant pas l’argent nécessaire, c’est un paroissien d’Indret nommé Léonard qui avance la somme de 5000f à titre de prêt sans intérêts sur 5 ans. C’est le bâtiment qui subsiste encore aujourd’hui sous une autre affectation. Il est plus petit que l’ancien qui a été démoli, mais le clergé est moins nombreux. Il comporte une cuisine, la chambre des domestiques, l’office, le salon vestibule, le salon de compagnie, les chambres et la salle à manger, le tout sur deux étages. Cependant, les dépendances du presbytère sont loin d’être aussi importantes qu’elles l’étaient avant la révolution. Le tout se borne à une petite cour devant la maison et un jardin suffisant et bien exposé.
Le puits, creusé en 1859 fait 12 mètres de profondeur. Le grenier sera ajouté en 1860 ainsi que la clairevoie qui sépare la cour du petit parterre d’entrée.
Ce nouveau presbytère a été béni, le 12 mai 1850, par Monseigneur Jacquemet, évêque de Nantes, le jour de la confirmation. Le maire Demangeat est présent ainsi que le curé Plantard et son vicaire M.Gadais. Ils en prennent possession le 28 août. Pendant la durée des travaux le clergé est hébergé par la Comtesse de Martel au château du Pé.
Les trois chambres qui sont derrière le cellier, l’écurie et la remise, ne seront cédées par la municipalité qu’en 1861.
En 1906, les lois républicaines décident la séparation de l’Eglise et de L’Etat. Conséquence, le presbytère redevient propriété de la commune au grand drame des paroissiens.
Le 28 juin 1908, le maire Simon Porchet accepte de le louer au curé Lemerle, pour la somme mensuelle de 100f.
Certains passages du bail sont parfois cocasses.
Art 4 : Le locataire jouira des lieux en bon père de famille, il devra payer les impôts mobiliers.
Art 5 : Le locataire aura à sa charge toutes les réparations, quelles qu’elles soient, y compris les couvertures, sauf les grosses réparations dont la commune sera seule juge de l’opportunité.
En 1910, par acte du Président de la République Armand Fallière, les dépendances sont attribuées au Bureau de Bienfaisance.
Le 16 août 1913, le conseil municipal décide de vendre le presbytère avec les dépendances. Le curé Lemerle le rachète alors sur ses propres deniers le 15 février 1914, pour la somme de 6000f. L’argent ainsi obtenu servira pour la réparation de l’église.
Jusqu’en 1988, le presbytère restera la demeure du desservant de la paroisse. Cependant une si grande bâtisse est difficile à chauffer pour un homme seul. Elle représente une grosse dépense et les revenus du curé sont faibles… Il n’y a plus la dîme…
De son côté la municipalité recherche un local pour y installer la bibliothèque créée le 20 octobre 1984 par le jeune maire Camille Durand. En provisoire cette nouvelle activité culturelle se trouve dans un logement de deux pièces, louées rue de l’Egalité.
Le 30 septembre, M Durand prend contact avec l’évêché pour le rachat du presbytère par la commune pour la somme de 650.000 f.
La bibliothèque trouve alors un local plus adapté dont elle prend possession au cours de l’été 1989. Beaucoup d’anciens habitants de Saint-Jean se souviennent de l’accueil des bénévoles qui proposaient des livres gratuitement, dans les pièces du rez-de-chaussée. Les pièces à l’étage seront accordées à d’autres activités culturelles nouvelles, comme la peinture, la musique etc.
Racheté par la municipalité en 1992. Le presbytère deviendra un espace culturel communal rebaptisé Edmond Bertreux, un grand peintre nantais dont les origines familiales sont à Boiseau. C’est par un bel après-midi, le 26 septembre 1992, que l’inauguration a lieu en présence des élus, de la population et de la veuve du peintre et ses enfants.
Pour loger le prêtre une nouvelle construction plus modeste mais également plus fonctionnelle est réalisée rue de L’Egalité.
Devant le développement de la population, le maire Pascal Pras, décide de doter la commune d’une médiathèque proche de l’école primaire. Inaugurée en octobre 2012 elle conserve le nom : Médiathèque Edmond Bertreux.
L’ancien presbytère change alors une nouvelle fois d’affectation et accueille aujourd’hui le service administratif de l’AJI et une partie de l’école de musique……. En attendant des jours nouveaux avec le grand projet de rénovation de cette partie du centre bourg.
Jean-Luc Ricordeau
[1] C’était le port nantais pour embarquer sur la Loire.
[2] Ce sont les garanties que doivent offrir les fermiers preneurs.
[3] Terme désignant
[4] Termes techniques utiliser pour l’entretien de la vigne autrefois.
[5] Fosse creusée dans le sol pour faire rouir le lin. Il en existait plusieurs sur Saint-Jean voir livre sur le lin publié par notre société.