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Mick Micheyl et son œuvre méconnue à Indret

Indret possède, depuis 1977, une œuvre méconnue de l’artiste Mick Micheyl.

La carrière de chanteuse :
Née le 8 février 1922 dans un immeuble au 201 rue Vendôme à Lyon son vrai nom est Paulette Jeanne Renée Michey, elle s’inscrit aux Beaux-Arts dans sa ville natale, d'où elle sort avec six premiers prix et devient peintre décoratrice.
Elle rencontre Roger Forissier qui la fait débuter dans les activités théâtrales et musicales d'une troupe éphémère : ma mère chantait très bien, mon père était dans les affaires. J'aimais le dessin, la peinture, mais aussi l'accordéon. Voilà comment, par des raccourcis, passionnée et rapide, elle écrit des chansons et s'en va les interpréter à "Radio-Lyon", où elle croise Jean Nohain et Marie Dubas.
Elle gagne quelques concours et tente sa chance à Paris : au début, cela fut difficile, les portes se fermaient. Je proposais des dessins, des tableaux, des chansons, mais rien n'y faisait. En 1949, elle gagne le concours du théâtre de "l'ABC" avec une chanson, "Le Marchand de Poésie", dont elle est auteur et compositeur. Elle adopte le nom d’artiste "Mick Micheyl" et se produit alors dans de nombreux cabarets. En 1951, elle enregistre sa chanson "Un Gamin de Paris" qui deviendra célèbre dans le monde entier : je me souviens avoir écrit ça un soir en tournée devant la cathédrale d'Albi. Un gamin d'Paris/ C'est tout un poème/ Dans aucun pays/ Il n'y a le même.
C'est cette chanson qui installera définitivement sa notoriété et son nom s’inscrira au fronton des plus grandes salles parisiennes : "Bobino", "L'Olympia" ou "le Moulin Rouge". Elle chantera dans le monde entier et fera des apparitions au cinéma dans quelques films témoignant d'une époque à tout jamais disparue. Elle avait une présence, un charme fou et une voix mélodieuse.
Mick Micheyl connaît également le succès en étant meneuse de revues avec "Frénésies" au "Casino de Paris" de 1963 à 1966. C’est un spectacle grandiose en deux parties et quarante-cinq tableaux. Sept mois de travail où l'artiste mêle l'acrobatie, le judo, le cancan et la ritournelle populaire. Mick porte une robe de sept kilos et envoie un "Allez, vas-y, c'est du bonheur". Dans une époque dominée par la jeunesse que l'on appelle les "Yé- Yé", elle s'en va convaincre le monde entier, enchaînant plusieurs tournées. Elle devient une ambassadrice de France, une marque déposée.
À la fin des années soixante, elle se tourne vers la télévision comme productrice, permettant à des artistes comme Dave, Véronique Sanson, Michel Fugain ou Daniel Guichard de se faire connaître.
Cette femme généreuse s'enquiert toujours de la santé et du moral des autres et se trouve des dons de guérisseuse qu'elle exploite sans en tirer profit, mais l'Ordre des Médecins ne l'entend pas ainsi et la fait inculper pour exercice illégal de la médecine. Reconversion :
En 1974 s'opère un tournant décisif dans la carrière de Mick Micheyl puisqu'elle renonce à toute activité dans le domaine du spectacle pour devenir sculptrice sur acier (peintôles).
Elle n'a jamais abandonné le dessin et la peinture, mais de toutes les matières c'est l'acier qu'elle préfère : c'est grâce à un ami carrossier qui ponçait au soleil une vieille carcasse de voiture que j'ai eu la révélation. J'ai inventé une technique et déposé un brevet. C’est dans la maison de son grand-père à Montmerle-sur-Saône qu’elle installe son atelier. Elle troque les belles robes de gala pour le pantalon et le bleu de travail. Elle joue et fait des merveilles avec l'ombre et la lumière grâce aux subtilités d'un acier mat inoxydable. Elle expose, reçoit des commandes du monde entier, comme le musée Masséna de Nice, ou la Présidence du Sénégal qui lui achète une sculpture. Non sans humour, elle dit à l'époque : je ponce, donc je suis.
La Fresque d’Indret :
C'est en 1977, que le nouveau directeur de l’établissement d’Indret, M Mardon, lui passe une commande pour réaliser une fresque dans le nouveau bâtiment central qui abrite le bureau d’études et la direction. L’artiste accepte le contrat et s’imprègne de l’historique de l’établissement pour ébaucher quelques esquisses sur carton qu'elle soumet à la direction. Cette grande fresque murale métallique représente des scènes symboliques de l’activité de l’arsenal. Sur un fond maritime avec quelques navires et sous-marins, on y voit au premier plan, des ouvriers à la tâche : soudeurs, chaudronniers, mais aussi un contrôleur en radiographie. Dans la partie droite de la fresque figurent des engrenages et la puissance de propulsion est matérialisée par un cheval fougueux, animal quelle représentera dans plusieurs de ses œuvres. Un travail remarquable de composition où la lumière et les ombres, obtenues par l’abrasion maîtrisée dans l’acier inoxydable mat, donnent une impression de relief très agréable à l’œil. Gérard Gallerand se souvient de cette femme en cotte bleue avec des lunettes de protection et ses meules de différentes dimensions traçant dans le métal, avec des gerbes d’étincelles, les images qu’elle sculpte dans l'inox. Elle restera plusieurs jours sur place pour réaliser son œuvre qui prendra place en haut de l’escalier. Pour vérifier son travail et fignoler les détails, elle retire souvent ses lunettes de protection tout en continuant de meuler. C’est ce qui va, hélas, abîmer ses beaux yeux.
Une fin de vie difficile :
C’est en 2009 qu'a lieu sa dernière exposition à la mairie du 11e arrondissement de Paris. Blessée aux yeux par des particules d'acier, elle renonce à regret à la création. Fatiguée, elle ne peut plus regarder la télévision. Alors qu'elle est coupée du monde, ses amis lui téléphonent, comme son filleul dans le métier, Laurent Gerra ou Hervé Vilard. Elle pense à ce que fut sa vie et ses souvenirs lui font du bien : j'ai été gâtée, l'existence m'a beaucoup donné. Je pense à ceux que j'aime et qui ne sont plus là. À ceux qui pensent à moi comme je pense à eux. Une dernière fois, avant de raccrocher le téléphone, dans un soupir, tranquille, Mick répète comme une prière : merci, mon Dieu ! Je suis croyante, je passe toutes mes journées à prier. Je n'ai que cela à faire. Elle est décédée le 16 mai 2019 à Montmerle-sur-Saône à l’âge de 97 ans.
Mick Micheyl travaillait encore à 80 ans
Qu’est devenue la fresque ?
La fresque que Mick Micheyl a réalisée pour Indret n’est actuellement plus visible car elle a été retirée il y a quelques années après de nouvelles transformations des bâtiments. J’ai demandé à la responsable de la communication ce qu'elle était devenue ? On n’a pas su me répondre ! La conseillère à la culture de Saint-Jean-de-Boiseau pense qu’elle est entreposée dans un local en attendant une future affectation. Souhaitons qu’elle dise vrai, car les œuvres de Mick Micheyl, outre leur qualité artistique, sont très recherchées et ont une valeur commerciale importante.

Jean-Luc Ricordeau
P.S Merci à Gérard Gallerand et René Guillard

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