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Le moulin Bouillard : une histoire de famille

Ce moulin est situé sur la commune du Pellerin et ne fait donc pas partie des

moulins de Saint-Jean-de-Boiseau. Toutefois ses différents propriétaires ont toujours habité sur notre commune et notamment au Surchaud.

La construction :
Son histoire commence le 25 brumaire de l’an XI, (16 novembre 1802) lorsque François Chiché, marchand de vin à Saint-Jean-de-Boiseau, vend à Pierre Drouet, farinier au moulin Rotard, « une pièce de terre, commune du Pellerin, dans la pièce du Surchaud ».
Cette pièce de terre, appelée « La Pierre de Gray », d’une superficie de deux mille cinq cent cinquante et un mètres et quatre-vingt-douze centiares est en bordure du chemin qui sépare les deux communes. L’acte de vente précise …sera tenu le dit Drouet de faire construire le plus tôt possible sur le dit canton de terre un moulin à vent et de l’entretenir en bon état…
Pierre Drouet et sa descendance :
Il est né le 1er janvier 1769, au moulin Rotard, fils d’Eloi Drouet et Marie Thomas, fariniers au moulin Rotard. Le 08 juin 1799 il épouse à Bouaye Françoise Chesneau, née le 25 janvier 1773 à Brains, fille de Charles Chesneau et Françoise Mainguy.
Le couple aura plusieurs enfants :
- Pierre né le 27 juillet 1800 – épouse Jeanne Beaulieu. le 28 mai 1827 à Saint-Jean-de-Boiseau. Il y a donc eu un double mariage puisque sa sœur Marie-Françoise se marie à la même date.
- Jean-Baptiste né le 12 septembre 1803 – décédé en 1872
- Marie-Françoise née le 28 janvier 1806 qui décèdera à 1 mois
- Marie-Françoise née le 12 fevrier 1807 – épouse en 1827 Mathurin Gautret. Elle est décédée en 1846
- Lucien né le 05 décembre 1809 – épouse en 1838 à Cheix Jeanne-Françoise Beaulieu
Le moulin sera construit rapidement et en 1804 Pierre Drouet afferme pour 3 années la moitié du moulin à Jean Ravalle, farinier au bourg du Pellerin pour la somme de 96 francs 76 centimes par an. En outre il devra contribuer pour moitié à l’entretien : … des verrons, des verges qui seront remplacées à neuf dans la première année de jouissance, les pointes à ferme du petit fer et caillebottis et la moitié des chaussures, entretenir et rendre la moitié des objets ci-dessus désignés à la fin de la présente en bonnes réparations locatives, suivant l’usage….
L’autre moitié du moulin sera affermée à Eloy Drouet le 06 octobre 1808 pour la somme de 85 francs, avec les mêmes contraintes que Jean Ravalle. Il est également meunier et demeure au village du Surchaud.
Le 08 mars 1819, Pierre Drouet décède à l’âge de 50 ans. Le moulin revient intégralement à son épouse Françoise Chesneau qui l’exploite avec ses fils Pierre et Jean-Baptiste.
Pierre épouse Jeanne Beaulieu, le 28 mai 1827 à Saint-Jean-de-Boiseau. Elle est née au Pellerin le 30 floréal an XIII (20 mai 1805), fille de Jean Beaulieu laboureur de la Ville au Vay et Jeanne Orieux. Elle est cultivatrice et habite à Sainte Pazanne. La famille Beaulieu semble relativement aisée puisque le 12 juillet 1835 Jeanne Beaulieu avec sa sœur Marguerite Truin et son frère Louis Beaulieu vendent à Michel Beaulieu 3 petites maisons au Pellerin. Pierre (fils) décède le 07 janvier 1864.
Le couple aura 4 enfants :
- Jeanne née le 10 avril 1828 – épouse en 1854 Jean-Marie Bouillard
- Pierre né le 06 avril 1830 – épouse Anne Saleau le 22 mai 1864
- Anne-Marie née le le 25 septembre 1837 – épouse Julien Brisson
- Marie née le 22 mars 1841 – épouse François Autin le 22 mai 1864
Premier changement de propriétaire :
Le 19 mai 1851, Françoise Chesneau, âgée de 78 ans, souhaite organiser sa succession afin de « prévenir les difficultés ou contestations qui pourraient s’élever après son décès entre ses enfants et petits-enfants au sujet du partage de ses biens… ».
Cet héritage est conséquent. On y trouve outre le moulin, 2 maisons au Surchaud et de nombreuses pièces de terre, vignes et landes à Saint-Jean-de-Boiseau, au Pellerin et à Brains. Le bien est partagé en 4 lots, le moulin revenant pour moitié à ses fils Jean-Baptiste et Pierre.
Françoise Chesneau vivra encore 10 ans et s’éteindra le 09 avril 1861.
Quelques jours après le partage, le 25 mai 1851, Pierre et Jean-Baptiste empruntent à leur frère Lucien la somme de mille francs. Le remboursement devant se faire en trois échéances : deux cent cinquante francs dans deux mois à partir d’aujourd’hui, deux cent cinquante francs dans six mois à partir d’aujourd’hui et les cinq cents francs restant deux mois après le décès de la veuve Drouet. Les paiements devant se faire à l’étude en monnaie d’or ou d’argent et non autrement. Pour garantie, une hypothèque est prise sur plusieurs biens : le moulin, une maison au Surchaud et une terre dans les landes de la Roche de Gray.
Deuxième changement de propriétaire :
Le 16 avril 1860, Jean-Baptiste Drouet, âgé de 57 ans, vend à son neveu Pierre Drouet et à sa nièce Jeanne mariée à Jean Marie Bouillard sa moitié du moulin et ses terres reçues lors du partage fait par sa mère Françoise Chesneau. A ce moment-là, le moulin appartient donc :
- Pour une moitié à Pierre Drouet, frère de Jean-Baptiste, époux de Jeanne Beaulieu
- Pour un quart à Jeanne Drouet et son mari Jean-Marie Bouillard
- Pour un quart à Pierre Drouet (frère de Jeanne)
Mais ce n’est pas tout, la même vente comprend aussi :
- Une maison au Surchaud
- Une terre dans les landes de la Roche de Gray
- Une houchette de terre en forme de hache de quatre ares et quarante centiares dans le bois de la Barbotinière à Brains.
- Deux planches de vignes d’une surface de quatre ares et quatre vingt quinze centiares dans le clos du Châtaigner
- Un canton de terre planté en arbres d’une surface d’un are trente et un centiare dans le Cadis
- Un morceau de vigne dans le clos du Rocher
- La moitié d’un canton de terre dans la pièce de l’Angle.
Ces biens lui venant de la succession de son père et de la donation faite par sa mère Françoise Chesneau en 1851.
Jeanne Drouet (la sœur de Pierre et Jean-Baptiste) épouse, à Saint-Jean-de-Boiseau, Jean Marie Bouillard, le 20 septembre 1854.
Qui est Jean-Marie Bouillard ?
Il est le fils de Jean Bouillard, journalier et de Marie Guéno. Il est né le 20 mars 1825 à Saint-André-des-Eaux, 1 an avant le mariage de ses parents le 30 janvier 1826. Il a été déclaré de père inconnu et a donc porté le nom de sa mère : Danion. L’acte de mariage de ses parents indique …ont déclaré et reconnu que l’enfant de sexe masculin enregistré en cette commune dite mairie de Saint-André-des-Eaux le vingt et un mars mil huit cent vingt-cinq sous le nom de Jean-Marie et qui a été élevé par ladite Marie-Françoise Danion jusqu’à ce jour étant son fils et qu’il leur appartient et qu’ils le reconnaissent pour leur enfant légitime…
Il n’est donc pas originaire de Saint-Jean-de-Boiseau ou des communes limitrophes. Ses parents ne sont pas meuniers et on ne sait donc pas ce qui l’a amené chez nous. Lors de son mariage il est meunier et vit à Saint-Jean-de-Boiseau.
Ils auront 6 enfants :
- Marie-Anne, née le 02 octobre 1855
- Jean-Marie, né le 28 avril 1857, épouse Jeanne Séguineau
- Joséphine, née le 25 mai 1859
- Pierre, né le 07 mai 1862 – décédé le 17 février 1926, le 24 octobre 1892 épouse Marie-Mélanie Archambaud née le 15 octobre 1873
- Elie, né le 30 décembre 1864, épouse Marie-Reine Dosseul le 16 juin 1902 au Pellerin
- Marie-Anne, née le 30 janvier 1876
Nouvelle donation :
En 1864, à son tour, Jeanne Beaulieu veuve de Pierre Drouet, vu son grand âge, fait donation en 4 lots de ses biens à ses enfants :
- 1er lot : le quart du moulin, une moitié de maison au Surchaud, un canton de terre dans la pièce du moulin.
Ce lot reviendra à Jeanne Drouet épouse de Jean-Marie Bouillard.
- 2e lot : différentes pièces de vignes et de terre au Pellerin et à Saint-Jean-de-Boiseau.
Ce lot reviendra à Anne-Marie Drouet, épouse de Julien Brisson (appelée Aimée sur cet acte notarié).
- 3e lot : un quart du moulin, une moitié de maison au Surchaud dans les Ecobus, deux planches de vignes dans la Houssaye au Pellerin.
- Ce lot reviendra à Pierre Drouet.
- 4e lot : des terres dans différents lieux.
Ce lot reviendra à Anne-Marie Drouet, épouse François Autin
A ce moment-là le moulin appartient :
- Pour moitié à Jeanne Drouet et son mari Jean-Marie Bouillard
- L’autre moitié à Pierre Drouet
Le moulin revient donc à ceux qui en possédaient déjà une partie et l’exploitaient.
Le 11 décembre 1864, Jean-Marie Bouillard et sa femme Jeanne Drouet font un nouvel emprunt de 1 000 F auprès de Pierre Boeffard, mécanicien demeurant à la Montagne. Sa part du moulin sert encore une fois de garantie. Je ne vois pas où ils ont fait ler ?
1875, le 22 août nouvelle vente :
Pierre Drouet vend à sa sœur Jeanne Drouet et son mari Jean-Marie Bouillard sa moitié de moulin pour la somme de douze cents francs, laquelle somme les époux Bouillard s’obligent solidairement entre eux à payer au vendeur le deux mai mil huit cent quatre-vingt. Cette somme produira des intérêts à cinq pour cent l’an.
Le même jour Jeanne Drouet et Jean-Marie Bouillard vendent à Pierre Drouet la moitié de la maison au Surchaud qu’elle avait reçue dans le partage de 1864 au prix de deux cents francs versés par l’acquéreur le même jour.
Les années suivantes Jean-Marie Bouillard agrandit son patrimoine en achetant :
- Le 16 novembre 1879 : Une parcelle de terre dans le Jardin du Surchaud à Françoise Guérin, veuve de Jean-Louis Langlais
- Le 28 octobre 1880 : une parcelle de terre dans le Jardin du Surchaud à Pierre Neau
Le 09 décembre 1888, le moulin change à nouveau de mains :
Après le décès de son mari Jean-Marie Bouillard le 06 mai 1888 à l’âge de 63 ans, sa femme Jeanne Drouet âgée de 60 ans fait une nouvelle donation à ses enfants : Jean-Marie, Joséphine, Pierre et Elie.
L’ensemble de ses biens soit : le moulin, une vigne dite la vigne du moulin et une maison d’habitation au Surchaud est partagé en quatre lots. Le moulin revient à Pierre qui épousera Marie-Mélanie Constance Archambaud, née le 15 octobre 1873. Le mariage a lieu le 24 octobre 1892, à Bouaye. 5 enfants naîtront :
o Marie-Joséphine née le 11 novembre 1893
o Pierre né le 12 août 1896 époux de Marie Marguerite Brisson
o Alfred né le 31 octobre 1897
o Noelie Augustine née le 25 décembre 1898
o Marguerite-Marie Eugénie née le 29 janvier 1900
En 1921, Pierre est meunier, domicilié au Surchaud avec son épouse Marie-Mélanie Archaumbaud et son fils Pierre, né en 1896, qui est aussi meunier. Au décès de son père, le 17 février 1926, son fils reste donc seul meunier. Il épouse Marie Marguerite Brisson née en 1904. De cette union un petit Pierre naît en 1925.
17 août 1926 nouvelle donation :
Après le décès de son mari le 17 février 1926, Marie Archambaud partage ses biens. On n’en connaît pas le détail car cet acte est introuvable.
Pierre Drouet et son épouse Marguerite Brisson sont les derniers meuniers connus. Le moulin s’est-il arrêté à ce moment-là ? On peut le penser car Pierre décède à Nantes le 03 octobre 1935 et leur fils ne prend pas la relève.
Paul Diquelou se rappelle qu’avec Pierre Baudet, entre 1935 et 1939, ils ont fait tomber la tête du moulin qui était en mauvais état en tirant sur des cordages avec une paire de bœufs. Ils avaient prévu de faire la même chose au moulin Rotard la semaine suivante ce qui n’a heureusement pas été fait, mais ceci est une autre histoire.
Nouvelle vente :
Un acte du 01 octobre 1946 nous apprend que Marie Archambaud et Marguerite Brisson font une vente à Claire Simon : le pré du Moulin situé au Surchaud, sur lequel existe un vieux moulin et son hangar.
Et depuis…
Depuis quelques années ce moulin est en ruine et menace de s’écrouler.

Carmela PESQUER

 

 

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